Alimentant le dossier des relations complexes Bible / archéologie -
et plus largement Bible / histoire -, Bayard tente, sans doute, de
renouveler le «coup» éditorial réalisé avec La Bible dévoilée de
Finkelstein et Silberman (recension NRT 126 [2004] 446-457) en
publiant un ouvrage d'un archéologue américain qui pourrait
apparaître comme l'exact contre-pied. Dans leur édition française,
les sous-titres des deux ouvrages reflètent la controverse, mais
attisent aussi la polémique: «Quand la Bible dit vrai», d'un côté;
«Les nouvelles révélations de l'archéologie», de l'autre. Les
quatrièmes de couverture ne font rien pour apaiser le lecteur:
«Probablement l'enquête la plus fiable sur les origines d'Israël»
(Dever); «La plus tonique et la plus audacieuse des synthèses sur
la Bible et l'archéologie depuis cinquante ans» (Finkelstein). Pour
être ici médiatiquement orchestré, le débat n'en est pas moins
ancien (voir déjà W. Keller, La Bible arrachée aux sables, 1956).
Il tourne autour de quelques questions fondamentales: quelle valeur
historique - si tant est qu'ils en aient une - accorder aux récits
bibliques? quelle est l'origine d'Israël? Entre «minimalistes» et
«maximalistes», «radicaux» et «conservateurs», le balancier
oscille. Disons, pour faire bref, que Dever se situe «à droite», au
moins par rapport à Finkelstein. Mais on se doute que ces
catégories commodes ne disent pas grand-chose de positions
autrement plus subtiles des uns et des autres, positions se fondant
sur un donné archéologique de toute façon fort limité et, qui plus
est, difficile à interpréter. A défaut de pouvoir décider si la
destruction de la strate VI A de Meggido date de 1000 avant notre
ère (Dever) ou de 930 (Finkelstein) ou encore de pouvoir rattacher
le site de Khirbet Marjama à la période du Fer I (Finkelstein) ou à
celle de la monarchie (Dever), le lecteur non spécialiste aura tout
intérêt d'une part, à ne pas oublier que l'archéologie, pertinente
dans son ordre, ne peut prétendre dire le dernier mot sur
l'histoire biblique et d'autre part, à mener une réflexion de type
historiographique à l'aide d'ouvrages comme celui de J.-L. Ska, Les
énigmes du passé. Histoire d'Israël et récit biblique (recension
NRT 124 [2002] 452) autrement plus utiles, mais qui n'ont hélas pas
connu le même succès. - D. Luciani.