Depuis quelques décennies, « Violence » et « Bible » forment un couple provoquant pour les exégètes, pour les théologiens, mais aussi une affaire juteuse pour les éditeurs (voir déjà P. Beauchamp & D. Vasse, La violence dans la Bible, 1991). L’intérêt pour ce sujet découle, en partie, de la remise en cause récente des monothéismes comme générateurs de violence et de la nécessité conséquente, pour ces monothéismes, de revisiter leurs sources scripturaires. Le collectif présenté ici émane de douze auteurs, pas tous biblistes, exerçant en majorité dans des universités d’Europe de l’Est (9 en Pologne, 1 en Lituanie). Les textes étudiés proviennent de tout le corpus biblique (Gn 22 ; 34 ; Ex 21 ; Lv 24 ; Nb 25 ; Dt 7 ; 19 ; 20 ; Jg 11 ; Lm 2–3 ; Sg 11–12 ; Mt 5,38-42 ; Lc 13) et quelques-uns sont abordés sous l’angle de l’histoire de leur réception (Dante et la Divine Comédie, l’anthropologie de Fiodor Dostoïevski, la législation moderne sur la résolution des conflits internationaux). S’appuyant essentiellement sur le document de la Commission Biblique Pontificale Inspiration et Vérité de l’Écriture sainte (2014 ; voir surtout les nos 124-136), les auteurs s’attachent à montrer, d’une part, comment la recherche d’une signification théologique des textes, prenant en compte leur genre littéraire et le contexte historico-culturel de leur production « conduit à les comprendre de manière plus profonde et plus juste ». Ils invitent, d’autre part, à ne lire aucun épisode biblique de façon isolée ou absolue, mais à toujours l’interpréter et l’évaluer « en fonction de son rapport avec la plénitude de la révélation en la personne et dans l’œuvre de Jésus, dans le cadre d’une lecture canonique de l’Écriture Sainte ». (Inspiration et Vérité 136). Si cette approche, de type historico-critique et canonique, fournit quelques clés et ménage quelques issues, il n’est pas certain qu’elle suffise, au ras du texte, à exonérer l’Écriture et Dieu lui-même de tout appel à la violence. La recherche sur ce sujet si délicat doit donc continuer. — D. Luciani
