Le philosophe Vincent Carraud, membre de la revue Communio, nous propose dans ce recueil une série d’articles et d’allocutions, rédigés de 1996 à 2020, à la technicité et au style disparates, sur le thème de la foi. Si l’approche se veut plus philosophique que théologique, c’est sans doute du fait de la méthode, extrêmement rigoureuse et souvent technique de ces études. Après avoir brossé chez Descartes et Clément d’Alexandrie les impasses de la conception philosophique de la foi comme croyance subjective, l’A. nous ramène à sa conception théologique comme certitude développée par l’épître aux Hébreux : elle est en effet la « preuve des choses inapparentes » et « l’acompte des choses espérées » qui déploie un horizon nouveau de rationalité.

C’est à l’aune de cet horizon que sont réévaluées ensuite d’une part, une apologétique moderne reprenant les prémisses de la métaphysique dont elle est contemporaine et tributaire, et d’autre part, une apologétique véritable élargissant notre rationalité aux paradoxes de la Révélation. Le troisième chapitre s’arrête sur l’acception moderne et problématique de ce terme de Révélation : les bases scripturaires et l’interprétation qu’en donne le 2^e chap. de la Constitution Dei Filius de Vatican i, sont passées au crible. Enfin l’ouvrage se poursuit avec cinq études précises de différents objets de la foi : l’assertion originale de H. de Lubac selon laquelle le Mystère de l’Église est « plus difficile à croire » que les Mystères du Christ et de Dieu ; l’utilisation problématique du concept d’existence à propos du Christ chez Marius Victorinus ; le choix tranchant d’horizon métaphysique que Balthasar fait au seuil de La Gloire et la Croix ; la fausse banalité de l’approche de Dieu comme Amour que prend Benoît xvi dans Deus caritas est ; et l’intérêt d’une pensée de l’amour selon le modèle physique du poids chez Augustin. L’ouvrage se termine par une brève articulation entre foi et espérance : « contre l’espérance et dans l’espérance, il eut foi » (Rm 4,18). — F. Lévêque