Un chemin de croix riche par sa simplicité. Aujourd'hui ermite dans
le sud de la France, après avoir été à la tête du monastère
trappiste du Mont-des-Cats pendant 10 ans, Dom L. a écrit le Chemin
de croix du vendredi saint au Colisée en 2004. Pour comprendre la
Passion de Jésus, il lit l'Écriture, simplement. Il a conservé les
éléments traditionnels de la dévotion (les chutes de Jésus, le
voile de Véronique), mais les a intégrés dans un récit des
événements à partir d'une lectio divina, présidant ainsi à un choix
original des stations. Dom L. a visiblement privilégié les
rencontres de Jésus avec les personnages de la Passion, qui nous
font découvrir comment le Seigneur «n'a rien réservé de son amour»
(p. 44). C'est la richesse de ce chemin de croix. La première
station montre ainsi Jésus face à son Père au jardin des oliviers.
Sa condamnation, devant le Sanhédrin et devant Pilate, la trahison
de Judas et le reniement de Pierre devancent les méditations de la
flagellation et du portement de la croix, où Simon de Cyrène prend
sa place, comme les saintes femmes. Au Golgotha, nous sommes
introduits dans le dialogue avec le Bon Larron, Marie et Jean.
C'est dans les bras du Père qu'expire Jésus, et, quand le corps du
Christ est déposé au tombeau, nous retrouvons Adam, Ève et toute
l'humanité à qui le Seigneur tend la main et dont le visage
«s'illumine soudain de la gloire de la résurrection» (p. 72). Les
méditations qui suivent le récit évangélique s'appuient sur le sens
littéral des Écritures, très sobrement, mais, comme naturellement,
elles ouvrent à l'interprétation spirituelle, tropologique, qui se
déploie dans chacune des prières où chacun peut se retrouver, dans
des intentions simples où l'on apprend à «ne jamais désespérer de
la miséricorde» (Règle de saint Benoît, p. 25). En avant-propos, un
dossier historique fait le point sur la psychologie de la dévotion
à la Passion du Christ, dans le contexte du succès du film de Mel
Gibson. - A. Massie sj