Compassion and Benevolence. A Comparative Study of Early Buddhist and Classical Ethics

An, Ok-Sun
Religiones - reviewer : Jacques Scheuer s.j.
Apparus au sein de sociétés et de cultures très différentes, le bouddhisme ancien (celui du canon pâli) et le confucianisme classique (celui de Confucius et Mencius) ont-ils produit des éthiques comparables? Oui, répond ce livre, à condition de placer l'un et l'autre dans la perspective de la transformation de soi (self-transformation). La distance culturelle ne doit pas masquer le fait qu'il s'agit, de part et d'autre, d'une «éthique de formation du caractère». L'écart des motivations profondes et des fondements philosophiques n'exclut pas un parallélisme dans les méthodes et dans les étapes du développement moral. En particulier, la compassion bouddhique (karunâ) occupe une place et joue un rôle très semblables à ceux de la bienveillance (ou «humanité»: jen) confucéenne. Dans l'une et l'autre traditions, la vertu principale inspire un projet de vie et des institutions, tant au plan de l'éducation que du gouvernement de la société. La mise en oeuvre patiente de ce programme comparatif permet en effet de projeter des éclairages nouveaux et de mettre au jour convergences et divergences. En revanche, malgré une volonté affichée d'impartialité, l'impression prévaut d'un regard confucéen sur le bouddhisme, plutôt que l'inverse. Malgré les précautions et les nuances du commentaire, bien des termes communs (en anglais) risquent de couvrir des réalités fart diverses. Jusqu'où est-il permis de considérer le tao (confucéen) et surtout le nirvâna comme un objectif moral? Affirmer que «morals are for human beings», est-ce une manière très bouddhique de s'exprimer? Que signifie le mot «vertu» lorsqu'on lui fait englober, en bouddhisme, des pratiques ascétiques et même chacun des articles de la règle monastique? La perspective monastique du premier bouddhisme n'est-elle pas minimisée au profit d'une éducation ou d'une maîtrise de soi orientée vers la pratique sociale de la compassion? Étendre progressivement l'application de cette vertu (de soi aux proches, aux moins proches, à tous les êtres): cela semble plus confucéen que bouddhique. Et si notre capacité (limitée) d'indignation semble restreindre le champ d'application de la compassion, c'est peut-être que cette dernière est ici trop définie en fonction des caractères particuliers de ses «objets» ou de ses destinataires: est-ce encore la compassion du bouddhisme? Il en va de même lorsque, s'interrogeant sur la visée d'une conduite impartiale qui ne privilégierait ni le moi ni les autres, l'on suggère qu'il puisse y avoir des exceptions: c'est à nouveau définir la compassion par ses objets.
Notons enfin que bien des développements, dans cette étude, font intervenir, sinon un troisième pôle de comparaison, du moins des références fréquentes et précises à l'éthique occidentale. Le débat s'en trouve enrichi, mais au risque de perdre parfois de vue la spécificité des problématiques indienne et chinoise. - J. Scheuer, S.J.

newsletter


the review


La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

contact


Nouvelle revue théologique
Boulevard Saint-Michel, 24
1040 Bruxelles, Belgique
Tél. +32 (0)2 739 34 80