Comme tous les Credo, ce livre se veut d'abord l'affirmation de convictions fondatrices; il est politique parce que sa thèse centrale est que l'humanisme ne se fonde pas d'abord sur des résultats électoraux, mais demande l'adhésion à des valeurs qui transcendent les contingences historiques. Ainsi Winston Churchill, dont le V de la main illustre la couverture de l'ouvrage, a-t-il contribué à la victoire de la civilisation, dépassant l'intérêt national du moment, par son refus obstiné de négocier avec l'Allemagne nazie, seul contre tous.
Quels sont les articles de ce Credo? La civilisation: «Quelle que soit notre croyance ou incroyance, l'enjeu de la résistance… est d'ordre spirituel»; la spiritualité bien comprise et le fondement de la sécularisation; la laïcité politique; la justice économique, morale et proprement politique; l'éconologie ou l'écologie d'une économie de marché bien tempérée, qui gagnerait à s'inspirer de l'enseignement récent de l'Église, tel que le présente Benoît XVI dans son encyclique Caritas in veritate de 2009; enfin, l'homme, ni ange ni bête. L'A., d'une grande culture et soucieux de s'adresser à tous les courants de pensée, veut parfois dire trop de choses et la réflexion se disperse, voilant le fil conducteur. Quelques passages plus systématiques ressemblent davantage à des exposés didactiques. Mais cet essai a le grand mérite de nous faire prendre du recul et de la hauteur au milieu des débats politiques souvent à court terme. Il fait ressortir les principaux enjeux actuels et ouvre plusieurs pistes pour aider à construire un monde plus humain. - Fr. Philips sj