Nous avons aimé l'essai précédent de l'A. sur les traditions islamiques du livre de Job. C'est donc avec intérêt que nous avons ouvert celui-ci, consacré à la figure du roi David dans l'Islam. Nous n'avons pas été déçu. Pour obtenir droit de cité dans un milieu religieux façonné par la Bible, l'Islam se devait d'assimiler, en l'adaptant, ce patrimoine sacré. L'A., professeur à Caen et spécialiste de la littérature islamique, nous fait parcourir avec compétence et probité toute une littérature que les chrétiens ne connaissent guère. Il nous montre comment s'est opérée l'intégration et la transformation de la figure davidique au cours de l'évolution de l'Islam, face à un christianisme qui avait surexalté l'image de David comme ancêtre du Christ. Il fallait dès lors «corriger» l'image du roi israélite pour en faire un prophète précurseur de Mohammed.
Nous découvrons ici, mis à la portée d'un public élargi, le travail de relecture de l'A., patient et précis, qui nous campe un David différent de celui des juifs et des chrétiens. Le livre débute de façon abrupte: la légende de David selon Wahb b. Munabbih. Puis les épisodes de l'épopée davidique sont passés en revue avec leur interprétation musulmane: vocation de Samuel, investiture de Shaül, épreuve de la rivière avec combat contre Goliath, jalousie de Shaül, blâme et épreuve du roi, puis sa pénitence et la révolte d'Absalom, la légende des poissons du sabbat et l'intronisation de Salomon le sage, la mort du roi comme «nouvel Adam».
L'A. opère un va-et-vient entre la tradition musulmane et le récit biblique. Ainsi, il nous fait assister à la métamorphose du roi David: de la personne historique à l'idéalisation du personnage dans la tradition juive d'après l'exil, puis aux différents portraits que dessinent «les sages du midrash, les homélistes chrétiens et les conteurs sacrés des cercles musulmans» (p. 301). S'il est vrai que «la tradition sacrée s'imagine dire le passé alors qu'elle ne fait que se le donner à croire» (J. Chabbi, citée p. 301), il est important de savoir ce qu'on lit et d'opérer une «distanciation» de bon aloi. Nous savons gré à l'A. de nous apprendre à le faire. Des index particulièrement soignés nous aident à trouver notre chemin dans une littérature difficile à pénétrer. - J. Radermakers, S.J.

newsletter


the review


La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

contact


Nouvelle revue théologique
Boulevard Saint-Michel, 24
1040 Bruxelles, Belgique
Tél. +32 (0)2 739 34 80