Des prêtres mariés pour l'Église?

Paul Winninger
Teología - reviewer : G. Navez s.j.
P. Winniger, théologien, philosophe, prêtre, professeur au séminaire Saint-Thomas à Strasbourg est, depuis 1977, administrateur de la paroisse de Gunstett. Il nous présente un plaidoyer: le manque croissant de prêtres, selon lui, est la cause d'un déclin de l'Église un peu partout, surtout en Afrique et en Amérique Latine. En Occident, la taille de paroisses (de dix, vingt mille et même cinquante mille habitants), rend impossible une évangélisation correcte et empêche la formation de communautés eucharistiques vivantes (surcharge, isolement, absence de contact suivi, ont des répercussions graves, surtout dans un contexte de pluralisme et d'indifférence). Les statistiques sont hallucinantes: sans un nombre de prêtres suffisant, l'Église, le peuple de Dieu qui lui est confié, s'amenuisent de façon progressive et inéluctable.
Les circonstances présentes mettent la hiérarchie romaine devant un dilemme juridico-dogmatique, si on ne dépasse pas le tabou du célibat obligé des prêtres (canon 277). Cette loi disciplinaire sans fondement dogmatique sérieux s'oppose radicalement aux devoirs essentiels de l'évangélisation (sur lesquels insiste Vatican II), au droit des fidèles d'avoir des prêtres pour les animer, au respect des évêques successeurs des Apôtres et chefs d'une Église locale qui, dit Vatican II, possède tous les caractères de l'Église entière. Or, on leur défend dans ce domaine contingent du recrutement une initiative voulue par Dieu, et sans laquelle l'Église entière va manifestement à une ruine accélérée. Ce célibat des prêtres devrait être une option encouragée, mais non une obligation conditionnant le sacerdoce et le rendant inaccessible pour beaucoup.Ce qui authentifie le sacerdoce et le définit, ce n'est pas un attrait subjectif mais «l'appel de l'évêque», selon les seules conditions requises qui sont l'intention droite et l'idonéité, une pureté de vie et de doctrine qui donne l'espoir fondé qu'on sera capable de remplir les fonctions du sacerdoce et d'en garder les obligations (Pie XI).La tradition évite la confusion entre vie religieuse (articulée autour de voeux) et le ministère presbytéral; elle n'oblige pas les prêtres à vivre en moines, ni d'ordonner les moines. Confondre deux vocations différentes, vu les circonstances actuelles, hypothéquerait à l'avenir le recrutement sacerdotal, et serait suicidaire. Le besoin vital de prêtres ne plaide-t-il pas pour un appel d'hommes mariés ou non, qui, capables, ayant fait leurs preuves, expérimentés (ce que sont bon nombre de laïcs retraités), pourraient être invités par leur communauté et leur évêque à présider l'Eucharistie et à animer des mouvements vivants? Winninger, qui est un homme de terrain, essaie de dégager une voie qui n'a pas une rigueur absolue, mais ne manque pas de solidité et n'est pas à mépriser a priori.
L'A. aurait cependant gagné à discuter les arguments que Paul VI déploie dans sa lettre sur le célibat presbytéral. - G. Navez, S.J.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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