Un prof. de philosophie de la religion à l'Univ. de Trieste, qui a
déjà publié plusieurs volumes philosophiques sur l'antiquité et
s'est intéressé à la gnose et au monde juif, élabore dans ce livre
une réflexion substantielle sur des réalités que la première Église
a mises en avant et âprement discutées aux origines chrétiennes: le
Destin, la Providence, la Prédestination. Sept chapitres composent
le volume. Le premier s'attaque au destin dans la pensée mythique,
puis dans la tragédie grecque dont il représente souvent l'intrigue
majeure, pour finir par une étude sur le concept philosophique de
destin. Avec Platon et Aristote, nous arrivons au monde de
l'illuminisme avec ses discussions sur la finalité et la
providence. Vient ensuite le débat d'écoles sur la manière de
déterminer l'avenir avec la divination et l'astrologie, et sur la
connaissance divine, avec la polémique contre le déterminisme des
stoïciens, la présence du mal et la prescience de Dieu. Le dernier
chapitre est consacré à la prédestination: passage de
l'apocalyptique juive à celle des débuts chrétiens avec la déviance
gnostique, et une brillante finale sur les concepts de grâce et de
prédestination chez Augustin.
Beaucoup de science et de virtuosité intellectuelle dans ce beau
livre qui traite d'une importante question chez les premiers
penseurs chrétiens forcés de chercher comment fonctionne
l'intelligence divine, si différente de celle des hommes. Beaucoup
de concepts philosophiques grecs obtiennent droit de cité dans le
christianisme naissant; nous les utilisons encore sans toujours en
bien connaître les origines. D'où l'importance de ce livre pour des
chrétiens: ils y découvriront les progrès de la réflexion
chrétienne par rapport à celle du paganisme. - J. Radermakers sj