Dieu, le singe et le «big bang». Quelques défis lancés aux chrétiens par la science

Jacques Arnould
Teología - reviewer : Bruno Clarot s.j.
Le titre du livre est accrocheur. On se demande si ce dominicain, théologien, ingénieur, chercheur au Centre Nat. d'Ét. Spatiales, révèle un nouveau Teilhard et l'on reste un peu sur sa faim. J. Arnould expose bien la théorie darwinienne de l'évolution et cherche à la faire accepter par les croyants, surtout depuis que Jean-Paul II lui a donné son aval en 1996. Ce savant se propose d'«élaborer un discours sur la création, qui puisse rendre compte de l'expérience chrétienne». Il salue avec respect la théorie de Teilhard et du Point Oméga, mais sans lui emboîter le pas, tout en reconnaissant qu'elle va dans la ligne paulinienne et irénéenne. Il admet le hasard et l'absurdité apparente du monde et que Dieu seul maîtrise le sens de l'histoire; mais quand il s'agit d'expliquer ou de deviner ce sens de l'histoire, il en reste au niveau des savants, des chercheurs qui travaillent au jour le jour sans prendre de recul ni de risques. Finalement il estime que Dieu a créé un monde en évolution, mais sans finalité générale (117). Toutefois, le hasard n'exclut pas un certain déterminisme (119). À posteriori, on constate une certaine finalité et Dieu seul sait où va l'histoire… mais l'A. renonce à chercher quel pourrait être ce sens.
Dans une seconde partie, il délaisse la science et part de l'Écriture qui nous ouvre tout de même une espérance et fait attendre une nouvelle création, un retour glorieux du Christ ressuscité dont la résurrection a déjà inauguré cette fin des temps. Arnould pose lui-même la question: pourquoi cette nouveauté ne serait-elle pas l'aboutissement de l'évolution voulue par Dieu? Non, répond-il, car la nouveauté de la seconde création doit être aussi grande que celle de la première… Il admet qu'on se trouve devant un mystère et il se contente de quelques suggestions.
On pouvait espérer un nouveau Teilhard revu et corrigé grâce aux dernières théories scientifiques, et on se trouve face à un ouvrage de vulgarisation qui se contente de juxtaposer science et foi sans oser de vue globale ou quelque peu prophétique. Teilhard nous a habitués à plus d'audace dans la conciliation de la science et de la foi, ce qui avait réconcilié beaucoup de nos contemporains avec la foi. J. Arnould trouverait peut-être profit à lire les ouvrages de D. Lambert, scientifique et philosophe, sur les relations entre sciences et théologie. - B. Clarot, S.J.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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