C'est en termes de mission que l'Écriture, nous dit l'A., nous fait
connaître les Personnes divines «en leur distinction et unité, en
leurs rapports mutuels et en leur oeuvre commune de salut».
Divines, les missions impliquent d'une part la relation éternelle
de la personne envoyée à celle qui l'envoie, et d'autre part la
relation à celui à qui elle est envoyée. Visibles, ces missions le
sont comme manifestation par un signe sensible de l'envoi, de soi
invisible, d'une personne divine. Tel sera l'objet de l'étude que
son auteur situe dans la perspective tracée par le Père Emery,
o.p., en son programme de la «Théologie trinitaire de saint Thomas
d'Aquin» (2004). Suivant un plan rigoureux, l'A. analyse d'abord
l'Écriture et les Pères dont le cheminement théologique trouve son
couronnement en saint Augustin. Il expose ensuite la notion de
mission visible chez saint Thomas à la lumière de ses prédécesseurs
immédiats. Il y envisage la mission du Fils puis celle du Saint
Esprit. Son livre s'achève par la mise en lumière de l'intérêt de
pareille recherche. L'A. est guidé dans son étude par le Docteur
Angélique qui a assumé l'apport augustinien en dépendance étroite
avec Albert le Grand, Bonaventure et Alexandre de Halès. Thomas
d'Aquin situe nettement les missions visibles à l'articulation
entre la «théologie» et l'«économie», dont elles donnent
l'intelligence trinitaire. Les deux missions du Fils et de l'Esprit
sont en effet indissolublement liées car l'Esprit est l'Esprit du
Fils et il n'y a de mission de l'Esprit qu'en vertu de la mission
du Fils. L'A. nous donne un ouvrage clair et structuré, où la
rigueur de l'analyse ouvre sans cesse la voie à la méditation
contemplative. Mais on ne trouvera pas ici l'étude des problèmes
que soulève le Filioque pour l'Orthodoxie quant aux missions
visibles du Fils et de l'Esprit. - H. Jacobs sj