L'exploration du parcours biblique donne de l'alliance une image moins épurée et moins conventionnelle que celle qui est souvent retenue ou imaginée. Figures archaïques, historiques ou sapientielles, selon les termes de Ch.D., révèlent une permanente «accommodation» réciproque entre Dieu et son peuple. Si Dieu est bien l'initiateur de l'alliance et de la promesse qui lui est assortie, il ne s'y donne pas en maître absolu.
Mais la révélation biblique, particulière, ne dit pas tout de la recherche de Dieu. Qu'en est-il de la quête du divin par les humains? De manière synthétique mais stimulante, Ch. Duquoc explicite cette invention du divin en ses figures populaires et raisonnées. Ne sommes-nous pas alors conduits aujourd'hui à repenser la subversion du divin que porte le christianisme à partir de sa racine biblique? La figure du serviteur, courant d'un Testament à l'autre, est la clé d'interprétation pour penser l'implication de Dieu dans l'histoire. Elle donne de quoi se déprendre de certaines impasses où s'échoue la théologie classique. Elle inscrit une dialectique de la puissance et de la faiblesse, elle déconstruit des catégories qui, non purifiées, risquent de laisser entendre que Dieu gouverne le monde de manière «seigneuriale».
Au terme de ce parcours, le qualificatif «partagé» n'est pas indigne du Dieu chrétien. Le Dieu de l'alliance ne prend pas toute la place. Il laisse le champ libre, autant à l'investigation de sa présence obscure qu'à la recherche tâtonnante du sens de cette alliance. Même si l'on peut discuter de l'interprétation donnée par l'A. à certains textes de la Genèse, Ch. Duquoc donne en ce livre une réflexion solide sur «la réciprocité tendue» comme figure originale de la révélation biblique. - H. Thomas osb