Licencié en théologie de l'Université grégorienne, où il prépare le doctorat, Massimo Naro est déjà chargé de cours à la Faculté de théologie de Sicile (Palerme). Il étudie ici, chez huit auteurs récents, leur présentation des rapports entre Dieu et l'humanité. Pour Romano Guardini (1885-1968), la modernité est en crise et la politique est le banc d'essai où celle-ci est mise à l'épreuve. Nicolas Berdjaev (1874-1948) voit la modernité comme un antihumanisme: les concitoyens de Dieu que sont les chrétiens n'ont pas leur cité dans ce monde ni dans son histoire, mais aspirent à une cité nouvelle et métahistorique.
Dietrich Bonhoeffer (1906-1945) développe une mystique nouvelle du silence et de l'absence de Dieu: il prône un christianisme moderne qui est un projet éthique, non religieux (au sens que B. donne à ce mot, p. 67). Friedrich Gogarten (1887-1967) est celui qui aborde le plus explicitement en théologien le thème du conflit entre le christianisme et la modernité; dans la seconde période de sa vie (après la chute du nazisme), il élabore une herméneutique théologique de la modernité et distingue une sécularisation fondée sur la foi chrétienne d'un sécularisme qui la rejette. Pour Paul Tillich (1886-1965), la théologie et la philosophie ont à dialoguer; après la rupture entre le christianisme et l'humanisme, la religion biblique et l'ontologie doivent retrouver leur corrélation, christianisme et modernité doivent se convertir l'un à l'autre.
De Karl Rahner (1904-1984), N. présente la position très controversée du «chrétien anonyme». Il montre que, pour R., cette position se fonde sur l'affirmation que Dieu veut le salut de tout homme dans et par l'unique médiateur Jésus-Christ. Selon sa méthode transcendantale, R. en déduit que ceux qui se sauvent sans la connaissance explicite du Christ doivent donc lui être rattachés de façon implicite par la fidélité à leur conscience. Partant d'un autre point de vue, Hans Urs von Balthasar (1903-1988) invite l'Église à raser les bastions (1982) et à quitter son splendide isolement, car seul l'amour est crédible (1963). Johann Baptist Metz (né en 1928) propose une théologie politique, un christianisme pratique dans une modernité contemporaine, très proche de la théologie de la libération. Un dernier chapitre esquisse les essais d'une théologie athée et éthique pour le monde moderne.
Les études ici rassemblées sont intéressantes et bien informées. Elles aident à comprendre les courants de pensée qui agitent notre époque et fournissent, croyons-nous, une intéressante introduction à une théologie fondamentale pour notre temps. - L. Renwart, S.J.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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