Les critiques de la religion ne manquent pas : elles traduisent le plus souvent une inquiétude devant les fondamentalismes et leurs violences ; elles en contestent aussi la dimension institutionnelle, alors que des spiritualités de toutes sortes, ou même « la foi seule », réaliseraient les aspirations les plus hautes de chacun. Face à cela, et sans négliger la pertinence des objections, l’ouvrage ne propose pas une « défense » de la religion, mais son « éloge », le souci d’en montrer l’apport essentiel.
Les trois premiers chapitres rencontrent un paysage intellectuel divers, entre la revendication de l’athéisme (qui échoue pourtant à créer un univers commun viable), et une spiritualité laïque quelque peu abstraite et desséchée qui s’enferme dans le subjectivisme. Les deux chapitres suivants manifestent le lien dynamique de la foi et de la religion. Paul Valadier exprime en quelque sorte un Credo : une foi enracinée, déployée dans le réel de l’histoire, en dialogue avec une raison dont elle n’a rien à craindre ; une foi qui se célèbre, se transmet dans une communauté fraternelle à travers des témoins et des écritures, des figures de sainteté ; une foi annonçant à l’humanité entière, avec un langage qui parle à son cœur et à son intelligence, une promesse d’éternelle Béatitude en Christ, l’attente d’un Sauveur qui est un Messie crucifié.
Le chemin n’est pas facile, et un dernier chapitre ne se dérobe pas à des « questions pendantes » : oui, le silence de Dieu interroge, mais il propose une Parole qui s’écoute et s’offre à des libertés. Oui, l’actualité de l’Église est tumultueuse, mais invite à réfléchir sur la véritable nature de la communauté croyante sans fascination ni suffisance : une communauté certes trop peu fidèle à sa vocation, mais en recherche de la Vérité, levain dans la pâte, désireuse de témoigner de plus grand qu’elle pour la vie de tous. Avec beaucoup de justesse et de paix, cet ouvrage offre de belles ressources pour confesser aujourd’hui un « Dieu créateur qui appelle ses créatures à créer à son image… » (p. 196, en conclusion). — H. Laux s.j.