Dans ce livre bienvenu, Michel Sauquet présente pour un large
public la vie et l'oeuvre de cet auteur spirituel majeur de notre
temps qu'est le franciscain Éloi Leclerc. L'ouvrage se compose de
deux parties. La première, biographique, retrace l'itinéraire de
vie de frère Éloi, de sa naissance à Landerneau à sa retraite à
Saint-Malo. Dans ce parcours, l'A. s'attarde avec raison sur son
expérience des camps de concentration, épreuve tragique qui fut,
avec l'inspiration franciscaine, à la racine de sa production
littéraire. Il évoque ensuite ses années d'enseignement et
d'écriture, proposant simultanément au lecteur une randonnée parmi
ses oeuvres, qui sont ainsi situées dans son parcours biographique.
On y découvre un homme attachant, d'une sensibilité extrême,
fragile et réservé, ainsi qu'un professeur exigeant et un écrivain
minutieux qui, traversé par l'angoisse et le doute, a su, non sans
peine, mais dans un style ciselé et limpide, transmettre et la paix
et la foi. La seconde partie, thématique, présente les multiples
facettes de la spiritualité d'Éloi Leclerc : une spiritualité
de l'espérance, de la Trinité, de l'humilité et de la fraternité,
de l'intériorité et de l'adoration, de la pauvreté et de la
douceur, de l'émerveillement, de l'avec et de
l'ouverture. L'A. y souligne entre autres que, confronté au silence
de Dieu, frère Éloi n'aura de cesse de traquer comment passer de la
nuit à la lumière, du désespoir à l'espérance, et d'insister sur
l'amour inconditionnel du Père, absolument premier, gratuit et
débordant, qui précède toujours le mouvement de l'homme vers lui.
Agrémenté de quelques photos, l'ouvrage donne à lire de nombreux
extraits des écrits d'Éloi Leclerc, publiés ou inédits - mais
qui mériteraient d'être publiés ! Le lecteur pourra regretter
certaines digressions ainsi que quelques approximations dans les
citations, dont l'une est plutôt malheureuse, qui fait dire que la
conversion de François d'Assise « n'avait brisé qu'un des
ressorts [de son humanité] » (p. 153), là où le passage
évoqué dit en fait qu'elle « n'en avait
brisé aucun des ressorts » (Sagesse
d'un pauvre, chap. 1). Mais cela n'enlève rien à
l'intérêt de l'ouvrage, qui replonge avec bonheur dans l'oeuvre
d'Éloi Leclerc ceux qui en sont familiers et qui, gageons-le,
donnera aux autres le désir d'en goûter la saveur et la profondeur.
- J.-Y. Nollet