Pierre Nicole a fait partie des solitaires de Port-Royal. Mais face aux intransigeants, il faisait plutôt pâle figure. Né à Chartres en 1625, il éprouva beaucoup d'intérêt pour l'Antiquité et pour la littérature. Il n'acheva pas ses études de théologie et demeura toute sa vie clerc tonsuré. Devenu l'un des principaux maîtres des petites écoles de Port-Royal, il y enseigna les humanités et la philosophie. Racine et Tillemont furent ses élèves. Entre 1654 et 1668, il fut l'un des collaborateurs d'Arnauld, et c'est sans doute pour ne point lui déplaire qu'il fut janséniste. Il participa activement à la campagne des Provinciales et prit largement part à la controverse qui opposa le monastère aux autorités civiles et ecclésiastiques. C'est à partir de 1669, durant la Paix de l'Église, qu'il se consacra aux études morales et publia notamment ses Essais de morale, qui furent au coeur de son oeuvre et de ses préoccupations.
Il prit part à bien des querelles sur la grâce et contre le quiétisme, et mourut à Paris en 1695. Avec Antoine Arnauld il fut l'auteur de la Logique de Port-Royal, seul ouvrage qui, de sa production pourtant très vaste, a encore quelque crédit aujourd'hui. Pourtant les Essais de morale sont un écrit de valeur, apprécié et médité jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. Publiés au départ sous forme de réflexions peu structurées, les Essais devinrent, au fil des éditions, un ensemble davantage construit. Ils abordent une multitude de thèmes qui en firent un traité de morale pour tous. Joubert disait de Nicole qu'il était un Pascal sans style: ce n'était pas ce qu'il exprimait mais ce qu'il pensait qui était sublime. À mi-chemin entre la leçon de morale et l'étude des moeurs, Nicole s'adresse à des chrétiens peu convaincus afin de les aider à tirer, pour leur existence concrète, les conséquences de leur foi.
La présente édition reprend dix essais parmi la cinquantaine attribuée à Nicole. Le texte de référence est celui de 1693, le dernier avant la mort de l'auteur. L'introduction et les notes permettent un accès à un A. où l'ombre de Pascal ne doit pas masquer l'écart qui les sépare. - H. Jacobs, S.J.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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