Etica. Lezioni all'Università di Monaco (1950-1962), éd. H. Mercker, éd. it. M. Nicoletti e S. Zucal
Romano GuardiniMoral y derecho - reviewer : Bruno Clarot s.j.
Cette oeuvre de 1200 pages comporte 930 pages sur l'éthique naturelle et 230 sur l'éthique révélée. Son approche éthique de type phénoménologique part de la vie concrète et cherche à comprendre avant d'évaluer. Guardini note qu'en Occident il est difficile de distinguer nettement l'éthique naturelle et celle qui est révélée car tous les aspects de notre culture sont imprégnés de christianisme. Guardini va jusqu'à hésiter à parler de «nature» humaine puisque notre nature consiste à être libres au sein de divers déterminismes provenant de notre essence, de notre éducation et de notre milieu. Pour lui, la réalité vivante est dominée par deux pôles: le bien et la conscience qui sont toujours entre eux en état de tension. Il s'appuie sur une anthropologie, une théorie de la société et l'exemple de grands hommes depuis Socrate jusqu'à Heidegger, Sartre et Camus. Son éthique de liberté est équilibrée par l'autorité et l'obéissance. On découvre un personnaliste convaincu de l'importance de la vie affective, du dialogue, de la vertu et il s'affronte continuellement à Nietzsche qui a porté de rudes coups à la morale chrétienne et ouvert la voie au nazisme.
Le passage à une éthique révélée fut délicat car Guardini refuse de se contenter de formules dogmatique et continue sa méthode qui part de la vie et la confronte à la foi. Sa tentative reste cependant fragmentaire et reproduit en bonne partie son éthique naturelle, ce qui paraît inévitable. Voici quelques étincelles de sa pensée: la création entraîne notre dépendance envers Dieu et obéissance à sa volonté manifestée par la nature des choses. Dieu créateur se révèle Personne vivante qui appelle à la vie plénière, à la liberté et à l'amour. L'exigence de totale autonomie aboutit à l'oppression de l'homme par l'homme et nullement à sa libération. Guardini sentait qu'il heurtait parfois ses auditeurs, mais il n'a jamais accepté de ne présenter qu'un demi-christianisme pour plaire au public.
Malgré sa longueur, ce texte reste toujours vivant, attachant et actuel. - B. Clarot, S.J.