. Gryson, spécialiste de la Vetus Latina, édite ici le Commentaire
sur l'Apocalypse de Bède le Vénérable, poursuivant ainsi la tâche
que n'avait pu mener à bien le professeur H. Sparks. Plus de 200 p.
lui sont nécessaires pour introduire au texte proprement dit. Le
chap. 1er énumère les 113 manuscrits, suivant l'ordre alphabétique
de leur provenance, avec une brève description. Avec le 2e
chapitre, l'éditeur présente l'histoire du texte, distinguant trois
familles de mss. Des graphiques en proposent les stemma, l'un
simplifié, d'autres détaillés. L'editio princeps nous fait remonter
en 1521, sous l'égide de l'humaniste Bade. Les chap. 3 et 4 sont
consacrés aux divisions du texte et à ses sources: Tyconius et
Primasius, mais aussi Grégoire le Grand, Augustin et Jérôme. Pour
ce qui est du texte biblique (chap. 5), Bède s'en réfère à un texte
hybride (p. 180), qui complète ou corrige la Vulgate par des
emprunts à d'autres versions, suivant en cela la lecture de
Tyconius. Au chap. 6, R.Gr. détaille dix cas pour lesquels il a
considéré qu'il y avait corruption de la tradition manuscrite (p.
195s.); dans d'autres cas (p. 199s.), bien que le texte fasse
difficulté, il n'y a pas touché. Après cette longue introduction
qui s'imposait, l'éditeur en vient au texte. Celui-ci se déroule
sur la page de droite, tandis qu'à gauche s'exposent «Fontes et
loci paralleli». Après une ample préface, qui mentionne
régulièrement Tyconius, Bède déroule son commentaire en trois
livres (Ap 1,1 - 8,1; 8,2 - 14,20; 15,1 - fin). On s'étonnera du
développement donné à Ap 21,19-20 (près de 200 versets): c'est que
Bède, à propos des «douze gemmes» (cf. p. 173), se lance dans
l'allégorie qui lui est personnelle; alors que des passages tels
que 2,17 ou 3,20 recueillent à peine deux lignes de sa part. Le
commentaire de Bède sur l'Apocalypse est la première de ses oeuvres
scripturaires. On y perçoit déjà ce que son exégèse deviendra par
la suite, hésitant entre un sens critique de la lettre du texte et
de la signification précise des vocables, et une interprétation
spirituelle de type allégorisant, dans une fidélité éclectique à
ses sources. Des tables présentant les citations scripturaires et
les sources et lieux parallèles clôturent l'ouvrage. - Ét.
Rousseau.