L’A. entend honorer la théologie de Giuseppe Ruggieri (1940-). Son but est de mettre en évidence « l’importance que l’histoire, dans ses diverses facettes, a revêtue et revêt dans la réflexion de » (p. 6) ce sicilien. En neuf chap., l’A. décline le thème en abordant la théologie fondamentale, le rapport entre la théologie et l’ontologie, la place du Christ, vérité de Dieu dans la forme de l’autre, la théologie de l’histoire comme herméneutique d’une invention, la pratique de cette théologie, la compréhension des signes des temps, le concile Vatican ii et enfin la question de l’unité de l’Église liée à celle du pluralisme religieux.

On ne saurait trop apprécier un théologien qui remet l’histoire au centre, qui désire réfléchir à partir de l’histoire, dans l’histoire, aussi bien celle qui précède le Christ que celle qui le suit jusqu’à nos jours, sans passer outre toutes les médiations qui la tissent. Ruggieri « conçoit (…) le problème de la totalité de l’histoire comme traversé d’une dialectique effective entre la dynamis historique infinie de réconciliation opérée par Dieu à travers la croix de son Fils et le don de l’Esprit et la finitude de toute approche humaine devant la transcendance » (p. 6). On regrette cependant que ce légitime désir de respecter l’altérité et l’événement dans l’histoire se conjugue avec une pensée par trop heideggérienne de la finitude du langage.

Cela empêche de concevoir, en même temps que le surcroît de l’histoire, la donation qu’elle fait d’elle-même dans le langage et de percevoir son déploiement selon la logique de la promesse et de l’accomplissement telle que Lubac l’a mise en valeur. La réconciliation, le respect de l’autre et le sérieux de la révélation divine dans l’histoire chers à Ruggieri et Guglielmi n’en seraient que plus honorés. — B. de Baenst