Sous un même titre cohabitent 2 études assez différentes. Fin 1931,
Gandhi, rentrant de Londres à Bombay, fait une brève escale à Rome
mais n'obtient pas l'audience qu'il souhaitait auprès de
Pie xi. Un article anonyme de l'Osservatore
Romano venait cependant de le présenter en des termes
élogieux. Salésien indien, spécialiste en communication, l'A. tente
de reconstituer l'imbroglio diplomatique où les deux hommes se
heurtaient notamment aux visées de l'Italie mussolinienne et de
l'Empire britannique. Il examine ensuite quelques textes (repris en
annexes) dans lesquels les papes, de Pie xii à
Benoît xvi, ont évoqué la figure du père de l'indépendance
indienne. La 2de partie du livre envisage la pensée
et le style du pape François. Repérant chez lui une forme et un ton
« gandhiens » (p. 77), l'A. examine les écrits de
Jorge Bergoglio avant son élection et dégage une « affinité
remarquable » (p. 143) dans leurs conceptions de la
religion, de l'engagement dans le monde, de l'attention au pauvre,
du dialogue et de l'éducation. Coïncidences ou influence ?
Alors que Gandhi reconnaît nettement l'inspiration qui lui vient de
Jésus, notamment dans l'enseignement sur la montagne, des chrétiens
occidentaux tels que Jacques Maritain, Dietrich Bonhoeffer ou
Martin Luther King furent marqués par la figure et le message de
Gandhi. Mais c'est plus précisément dans la formation jésuite du
jeune Bergoglio que l'A. croit déceler de possibles
influences : elles passeraient par les directives du général
jésuite J.-B. Janssens sur l'apostolat social et leur mise en
oeuvre par son assistant indien Jerome D'Souza. L'étude est bien
documentée, du moins pour les sources actuellement accessibles
(p. 163). Les convergences suggérées demeurent cependant un
peu trop générales pour que l'on puisse, à ce stade, conclure à des
influences directes. - J. Scheuer s.j.