Georges Anawati (1905-1994). Un chrétien égyptien devant le mystère de l'islam, préf. Z. El-Khodeiry

Jen-Jacques Pérennès
Religiones - reviewer : Jean Radermakers s.j.
Une grande figure représentative de l'Ordre dominicain nous est présentée ici, avec beaucoup de soin et une touchante confraternité, par un autre dominicain, versé en économie pour les questions de développement, qui enseigna en Algérie puis à l'Inst. catholique de Lyon avant de devenir assistant du Maître de l'Ordre. Il est maintenant secrétaire de l'IDÉO (Inst. dominicain d'Études Orientales) au Caire et vicaire pour le monde arabe; il a aussi consacré un ouvrage à Pierre Claverie (Cerf, 2000). La préface est due à un philosophe professeur à l'Univ. du Caire et quelques photos bien choisies sont insérées entre les p. 208 et 209.
L'A. nous fait rencontrer le P. Georges Anawati, né à Alexandrie le 6 juin 1905 de parents chrétiens orthodoxes et décédé presque nonagénaire le 28 janvier 1994, jour de la fête de saint Thomas d'Aquin. Islamologue de grande notoriété, ce religieux égyptien a consacré toute sa vie à étudier la réalité profonde de l'islam; il écrivait en son diaire: «je cherche à trouver 'l'âme de la vérité' dans la civilisation musulmane» (18.2.1956). Vivant au sein du monde islamique, et ayant opté pour le catholicisme dès l'âge de 16 ans, il s'interrogea longuement sur le sens des rapports à entretenir avec le frère musulman: tenter de le gagner ou bien le rencontrer? Sa décision, libératrice, l'engagea dans un travail acharné de tous les instants et sa rencontre avec Louis Massignon confirma sa détermination (p. 51-86). Après avoir publié en 1948 une Introduction à la théologie musulmane, écrite en collaboration avec Louis Gardet (p. 87-114), il s'ingénia à créer dans le monde chrétien un espace de dialogue avec l'islam et, au sein du monde musulman, des lieux de rencontre avec les chrétiens. C'est ainsi qu'il fonda en 1953, avec des confrères dominicains, l'IDÉO au Caire (p. 115-148), afin d'approfondir la culture islamique. Il s'attela à un travail énorme de recherche philosophique et devint ainsi l'un des meilleurs connaisseurs de la philosophie arabe médiévale et de l'histoire des sciences; sa traduction et son interprétation d'Avicenne ont acquis une renommée mondiale (p. 149-208). Après les discussions conciliaires (p. 209-242), nous voyons Abouna Anawati parvenu à une grande maturité de son oeuvre scientifique au service du dialogue interculturel et interreligieux, et l'A. se plaît à détailler les richesses de ce grand homme demeuré cependant humble et simple (p. 275-304). Son dernier chapitre intitulé «l'heure des bilans» marque bien l'ampleur du labeur accompli et ce qu'il reste à faire en se mettant à la recherche de «nouveaux penseurs de l'islam» (p. 305-340).Un homme de feu, passionné par la question du sens de l'islam dans le plan de Dieu, dans l'histoire de l'humanité et de l'Église, meurt debout, laissant une tâche à continuer. Remercions l'A. d'avoir placé devant nos yeux ce portrait inoubliable d'un homme au service de la compréhension mutuelle, de l'unité et de la paix. - J. Radermakers sj

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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