Accueilli dans la prestigieuse « Bibliothèque de Théologie Contemporaine » et sorti de presse au lendemain du 500^e anniversaire de la Réforme (1517-2017), l’ouvrage d’A. Pitta, l’un des ténors de l’exégèse paulinienne italienne, porte sur la justification dans les lettres de Paul. La perspective œcuménique est présente dès le 1^er chap. qui offre un bref status quaestionis historique, théologique et exégétique, et mentionne aussi bien la Déclaration commune (1999) que Du conflit à la communion (2013) rédigé en vue du 5^e centenaire. Plus loin, dans des conclusions du chapitre, l’A. reprend et confirme certains des grands principes mais en module d’autres. Aux solus Christus, sola gratia et sola fede est ajouté un solus Spiritus, tandis que sont contestées la possibilité d’un « canon dans le canon » ainsi que la formule simul justus et peccator. L’ouvrage est une démonstration brillante, pour celui qui devait encore en être convaincu, que la meilleure manière de faire le point sur une question théologique débattue est sans doute de revenir aux « lieux scripturaires » mais selon une approche exégétique généreuse qui replace les passages en question dans leur double contexte historique et littéraire, deux dimensions d’autant plus inséparables quand il s’agit de vraies lettres et non pas de traités de théologie envoyés sous enveloppe. C’est ainsi qu’après quelques prolégomènes qui ressaisissent les acquis de l’exégèse paulinienne contemporaine appliqués à la thématique de la justification (chap. 2), l’A. parcourt successivement 1 et 2 Co, Ga, Rm et Ph avant de consacrer un dernier chap. à la double tradition paulinienne, celle de 2 Th, Col et Ep et celle des Pastorales, montrant ainsi la cohérence de ces dernières eu égard aux homologoumena. À chaque fois, l’A. rappelle la raison d’être de la lettre avant de dégager les avenues principales qui en facilitent la lecture. Du point de vue des résultats, ressaisis dans un chap. final, l’A. prend position sur certaines questions débattues. Ainsi il n’y a pas une « doctrine de la justification » toute faite chez Paul et elle n’est pas le « cratère principal de sa théologie » (au sens où tout le reste serait secondaire et subordonné). Si le dilemme entre deux voies de justification possibles (par la Loi/par la foi) n’apparaît qu’avec Ga puis Rm, en Ga, la justification est encore subordonnée à la question de la filiation d’Abraham et divine, et ce n’est qu’en Rm que la justice de Dieu et la justification sont au « centre de l’évangile » que Paul re-présente à ses correspondants. L’inséparabilité de la justification et de la participation en Christ est bien mise en valeur ainsi que le rôle trop souvent négligé de l’Esprit Saint (cf. Rm 5-8). C’est ce même Esprit, infusé dans le cœur des croyants, qui résout la tension entre justification par la grâce et jugement final par les œuvres, en leur donnant la certitude d’être, dès à présent, réconciliés avec Dieu. S’il ne constitue pas une introduction aux lettres de Paul, cet ouvrage permettra néanmoins à ses lecteurs de vivre un parcours paulinien roboratif, tant du point du vue de la méthode que du contenu qu’il délivre. — S. Dehorter