Histoire de Jésus? Nécessité et limites d'une enquête

Étienne Nodet op
Sagrada Escritura - reviewer : Jean Radermakers s.j.
Dans la même collection, précédant immédiatement le volume recensé plus haut, et avec un propos analogue, nous trouvons l'excellent ouvrage d'É. Nodet, dominicain, bien connu par ses études pénétrantes sur Flavius Josèphe, professeur de judaïsme ancien à l'École biblique de Jérusalem, co-auteur avec J. Taylor, mariste, d'un Essai sur les origines du christianisme (Cerf, 1998 et 2002; cf. NRT 121 [1999] 279-282). Le parcours qu'il propose est inverse de celui de P. Tomson. Il part de l'expérience de la «Parole qui se fait chair en communauté» et qui crée une tradition.
La méthode débute dans le christianisme d'aujourd'hui et remonte aux faits anciens en montrant que «la tradition procède par modèles interprétatifs» (p. 6), lesquels s'expriment dans les institutions. Il procède donc à partir de l'institution centrale, l'eucharistie telle qu'elle est vécue, et où l'Écriture prend une place de choix; tel est l'objet de la première partie. À l'autre extrémité se trouvent le milieu concret (la Galilée) et les réalités juives (la Bible) au milieu desquelles Jésus a vécu, et qui nous sont connues notamment par Flavius Josèphe; la deuxième partie détaille ces éléments. Entre ces deux pôles figurent nos quatre évangiles qu'il est impossible d'harmoniser, mais qui relèvent de la transformation des disciples en apôtres; parmi eux, celui de Jean apparaît le plus juif et Marc le plus éloigné du milieu d'origine, ce qui amène à redater ces écrits et à revoir leur interdépendance; à cela est consacrée la troisième partie. Enfin l'A. arrive à la vie de Jésus proprement dite, centrée sur «l'accomplissement des Écritures», dont les étapes sont examinées à partir des récits d'enfance et des détails significatifs dont ils sont porteurs, puis de la signification du baptême de Jésus comme rupture d'avec sa famille. Sont ensuite analysés les récits de la passion, avec la dernière Cène et les procès, avant de traiter de la vie publique, dans les relations de Jésus avec ses disciples, dans ses prestations d'enseignement et ses gestes de puissance, comme dans ses controverses avec les juifs. Une magistrale conclusion nous replace, de quelque milieu que nous venions, dans la relation de foi qui nous attache à Jésus, qui a vécu parmi les hommes et est désormais vivant pour tous.
En finale, le mot fameux du P. Lagrange est cité: «les évangiles sont les seules vies de Jésus que l'on puisse écrire. Il n'est que de les comprendre le mieux possible» (p. 209); leurs commentateurs ne produisent que des balbutiements de pèlerins en quête. Une annexe importante présente quelques textes anciens parfois peu connus; elle contient aussi une chronologie de la descendance d'Hérode le Grand et de précieux éléments bibliographiques destinés à étoffer la démarche de l'A. Celui-ci nous propose des perspectives nouvelles et des considérations stimulantes pour notre vision de l'histoire et pour notre foi. Sa lecture demande une attention soutenue, mais elle demeure accessible à des lecteurs formés capables de réfléchir en profondeur et de remettre en question leur manière de croire. - J. Radermakers, S.J.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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