House Church and Mission. The Importance of Household Structures in Early Christianity

R.W. Gehring
Sagrada Escritura - reviewer : Bruno Clarot s.j.
Jusqu'en 1980, les exégètes n'ont pratiquement guère attaché d'importance au fait qu'au début du christianisme, la foi nouvelle a pris pied dans des maisons particulières, avec les conséquences sociales et religieuses qui en découlent. Depuis lors, cinq auteurs importants en ont parlé. Dans sa thèse à la Faculté protestante de Tübingen, R. Gehring étudie l'ensemble de la question au niveau des évangiles, des Actes et des Lettres de saint Paul.
Selon lui, jusqu'à Constantin, les maisons particulières servirent de centres pour le culte et le ministère avec ou sans modification des pièces d'habitation. La salle à manger ou celle de réception pouvaient accueillir une vingtaine de personnes et convenaient pour la prédication et pour le culte, mais il fallait aussi quelques locaux pour loger les missionnaires itinérants. Le caractère anonyme de ces lieux de culte était un atout en cas de persécution. Le patronage du maître de maison avait une grande importance puisque chaque maisonnée possédait ses «clients» et les attirait normalement à la foi du patron, tout comme ses amis et connaissances. Le «patron» devenait assez naturellement chef de la communauté. L'Église comme «famille de Dieu» devint le premier modèle social chrétien et l'amour fraternel de ses membres surmontait les divisions sociales en exerçant une force d'attraction missionnaire. Mais cet impact dépendait en bonne partie de la personnalité du chef de maison qui pouvait avoir mauvais caractère ou être porté à devenir autoritaire. Dans une même ville, il pouvait y avoir plusieurs maisons-églises et les rapports entre elles n'étaient pas nécessairement excellents.
Il semble bien que les «anciens» élus dans une ville pour piloter un ou plusieurs groupes comprenaient en tout ou en partie ces «patrons» assez riches et influents; ceci valait également pour les premiers évêques. Il est normal que ces modèles sociaux familiaux aient marqué fortement le christianisme primitif; c'est pourquoi Paul, dans ses lettres, parle beaucoup de morale familiale. Les divergences et les oppositions entre «maisons-églises» exigèrent une autorité locale assez large pour apaiser ces conflits. Ces situations montrent que les conceptions théologiques de l'Église vue comme «peuple de Dieu» ou «corps du Christ» doivent coexister avec pareille conception familiale si l'on veut une idée d'ensemble assez correcte de l'Église d'alors.
Après cette longue et minutieuse étude du premier siècle du christianisme, l'A. se demande si ce type d'Église serait encore valable à notre époque. Il estime que la situation minoritaire du christianisme dans beaucoup de pays à l'heure actuelle rend utile et même nécessaire la reprise des «maisons-églises» pour toucher les gens qui ne vont plus à l'église paroissiale, ou bien dans les pays de persécution religieuse (Chine, Vietnam, Cuba…). Certes, il existe des dangers de déviation dans ce type d'Église, mais l'A. y voit aussi pas mal d'avantages, car ces communautés sont plus souples, plus chaleureuses, plus missionnaires, plus ouvertes à la discussion et à l'entraide. Les membres du groupe se connaissent et se soutiennent. Mais quelles relations entretenir avec l'église locale officielle? Il faut des liens solides avec elle pour éviter les divisions. Qui doit présider ces communautés? Ce seront généralement des laïcs; avec quelle formation théologique? Pourront-ils administrer les sacrements? Depuis 1970 l'Église anglicane d'Angleterre favorise ce mouvement qui s'est assez diversifié, apparaît un peu flou mais adapté à une société fort éclatée. Dans ces «maisons-églises», on étudie la Bible, célèbre le culte, élabore des projets sociaux, etc.; le dimanche, on se rend généralement au culte public paroissial, car on a aussi besoin de fortifier sa foi dans un groupe nombreux. L'A. note que ce mouvement suppose des familles d'accueil unies et vivantes. Il croit que ce type d'Église deviendra de plus en plus nécessaire dans un monde divisé, individualiste et froid.
Félicitons R. Gehring d'avoir prolongé son étude jusqu'à notre époque. Il met le doigt sur un point important auquel toutes les Églises auront tôt ou tard à trouver une réponse adaptée pour pouvoir toucher le monde actuel, du moins en Occident. En Amérique du Sud, il semble que déjà les «communautés de base» ressemblent en gros à ce modèle, avec des caractéristiques propres. Chez nous, nous possédons des groupes de prière et de renouveau charismatique qui sont assez proches de ces «maisons-églises», mais ne les remplacent pas exactement. - B. Clarot sj

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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