Ce livre à plusieurs voix est le fruit d'un séminaire organisé en
juin 2008 par l'association italienne laïque Biblia,
l'université de Barcelone et l'abbaye de Montserrat. Les trois
premiers chapitres reprennent et font le point sur des questions
devenues classiques en la matière mais néanmoins importantes. Par
«gnose», on entend toute forme de connaissance religieuse qui sauve
par elle-même. Le mot «gnosticisme» désigne plutôt le courant
multiforme du christianisme gnostique diffusé aux iie et iiies.
Quant au terme «évangile» employé pour désigner ces écrits, il
n'est pas à prendre au sens strict de récit de la vie de Jésus, ni
même d'un écrit relevant du genre de la «Gospel literature». Il
recouvre aussi bien des recueils de paroles attribuées à Jésus
(«L'évangile de Thomas») que des dialogues initiatiques, voire des
prédications de maîtres gnostiques formant de petits traités
(«l'Évangile de la Vérité»). La recherche sur ce mouvement complexe
a été relancée par différentes découvertes de manuscrits, celles de
Nag Hammadi, du Monastère du Sinaï, de la Ghenizà du Caire et de
Qumrân. Viennent alors quatre études particulières: en premier
lieu, une sur «l'évangile de la Vérité» et une autre sur le fameux
«évangile de Judas» (et non pas selon Judas). Est posée ensuite la
question: «L'évangile de Jean est-il un évangile gnostique?», avant
que la figure de Marie-Madeleine ne soit longuement traitée à
travers toute la littérature gnostique. Ces études sont d'un grand
intérêt. Elles permettent de mieux appréhender le monde religieux
qui accueillit les évangiles canoniques et mettent aussi le doigt
sur des accents des textes sacrés auxquels, sans leur durcissement,
on n'aurait peut-être pas été attentifs. - S. Dehorter