In bibliotheca nostra asseruari non paucos. Le fonds ancien des imprimés (xve-xviiie s.) de la Bibliothèque des Bollandistes. Actes de la Journée d’études internationale tenue à Louvain-la-Neuve (14 février 2019)

(éd.) Robert Godding s.j.
Historia - reviewer : N. Plumat

En 1837, les Jésuites belges rétablissent un groupe de bollandistes chargés de relancer la publication des Acta Sanctorum, commencée à Anvers dans les premières décennies du xviie siècle et interrompue à la suite de la suppression de la Compagnie et à la tourmente révolutionnaire. Comme le rappelle P. Delsaerdt, tout l’héritage scientifique que leurs prédécesseurs avaient patiemment réuni, en particulier les livres et leur documentation archivistique, avait été dispersé, et se retrouvait dans diverses institutions publiques ou chez des personnes privées, ou encore tout simplement perdu. Mais, ainsi que B. Joassart le relate, les « nouveaux Bollandistes », vont, dès le début de la reprise du grand œuvre bollandien, entreprendre, avec beaucoup de patience et de ténacité, de reconstituer une bibliothèque qui leur permettra précisément de relancer la publication des Acta Sanctorum. Et, après plus d’un siècle et demi de constant labeur, la Société des Bolladistes dispose de nos jours d’un outil comptant environ un demi-million de volumes, essentiellement centré sur l’hagiographie critique.

Ce fonds compte quelque 22500 ouvrages anciens (d’avant 1801) qui, grâce à une généreuse subvention de la Fondation Baillet-Latour, ont pu être catalographiés, en partenariat avec l’Université catholique de Louvain-la-Neuve. Outre 82 incunables, la bibliothèque possède 1498 ouvrages du xvie s., 7784 du xviie et 13215 du xviiie. Dans cet ensemble, R. Godding a examiné plus particulièrement les « hagiographica », les publications qui précisément sont des éditions de Vies de saints, soit sous forme de collections, universelles ou nationales, soit isolées. Et, chose remarquable, se retrouvent dans cette section quantité de « petites publications », souvent très rares, et qui appartenaient autrefois aux Bollandistes de l’Ancien Régime. Spécialiste des martyrologes, G.A. Guazzelli a étudié plus spécifiquement les martyrologes publiés avant 1584 (en cette année, le pape Grégoire xiii imposa le Martyrologe romain comme référence à l’Église universelle), présents dans l’actuelle bibliothèque bollandienne. Ce type de publication a connu, précisément avant 1584, une évolution marquée par plusieurs facteurs : la diffusion par l’imprimé, les mises en question du culte des saints par les Réformes protestantes, la nécessité d’un examen philologique et historique des textes hagiographiques. Et, dès le début de l’entreprise bollandienne, les hagiographes d’Anvers accordèrent une attention toute particulière à l’acquisition de tels ouvrages, ainsi qu’on peut le constater par l’existence de certains exemplaires qui leur appartenaient et se retrouvent de nos jours dans d’autres bibliothèques. E. Barbieri s’est, pour sa part, intéressé aux éditions d’ouvrages publiés en Italie aux xvie et xviie siècles présents dans l’actuel fonds ancien. Ils portent souvent des traces de leurs pérégrinations avant d’aboutir à Bruxelles, ayant été auparavant propriétés de maisons de la Compagnie de Jésus, d’ecclésiastiques ou encore d’aristocrates laïques. Demeure toutefois quelque peu mystérieuse la manière dont ils furent acquis par les successeurs de Bolland. Il est probable qu’ils le furent soit par dons (mais les traces de ceux-ci sont rares), soit auprès de libraires « mineurs » plutôt qu’auprès du grand marché des antiquaires.

Ces différentes contributions, de facture assez technique, ont en commun de rappeler que la Société des Bollandistes, l’une des plus anciennes sociétés savantes au monde, n’est pas qu’un simple lieu de conservation de trésors livresques, mais une institution de recherche, de travail, qui scrute de près une part majeure de l’histoire de l’humanité. — N. Plumat

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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