Cette introduction à Isidore de Séville (560 - 636) vient combler
un manque. Si, de soi, la vie du grand évêque pourrait être
qualifiée d'«insignifiante» (en mentionnant cependant la succession
à son frère Léandre comme évêque de Séville vers 601 et sa
présidence du IVème concile de Tolède en 633), elle a marqué pour
près d'un millénaire la culture européenne, et le personnage connut
dès son vivant une renommée immense. Fondateur du genre littéraire
des Sommes, il réalisa, avec ses Étymologies - souvent critiquées
certes pour leur faible valeur technique - le projet original de
rendre le savoir accessible au plus grand nombre. L'A, qui a publié
en 2008 dans la même collection les Sentences d'Isidore, n'a donc
pas choisi la présentation biographique classique. Les 3 premiers
chapitres fournissent le cadre biographique, bibliographique,
historique (l'Espagne du VIIème s. sous la domination des Goths) et
théologique à l'étude du «docteur de l'Espagne». Viennent alors 8
chapitres thématiques (monachisme, spiritualité, doctrine morale,
engagements sociaux et politiques, etc.) qui permettent de cerner
progressivement cette figure déterminante du Haut moyen âge. Le
chapitre 12, le plus long, analyse systématiquement les oeuvres
regroupées par catégorie. Le livre se conclut en faisant entrevoir
la fécondité et la renommée d'Isidore. Celui-ci fut donc avant tout
l'homme de l'encyclopédie. Son engagement pour la fondation et la
diffusion de la culture est ce qui le caractérise plus que tout
autre auteur ecclésiastique antique. «D'autres ont dit des choses
plus élevées, personne n'a organisé l'instruction avec sa ténacité
méthodique» (p. 67). Il vécut cela comme pasteur (donner à tous un
accès à l'ensemble de la culture religieuse et profane de son
époque) et comme contemplatif (embrasser la totalité du savoir en
remontant à l'origine des choses).
Ce petit livre synthétique, s'appuyant sur une riche bibliographie
rapportée à la fin de chaque chapitre, lui rend un hommage aussi
digne que rigoureux. - S. Dehorter