Complétant, à un rythme régulier, leur collection « petit format » (environ la taille d’un Que sais-je ?) d’introduction à la Bible – à ce jour, huit volumes parus pour le NT et huit pour l’AT (voir NRT 141, 2019, 653 ; 142, 2020, 129) – les éditions du Cerf sortent deux nouveaux tomes sur deux livres prophétiques bien différents : Jonas et Ézéchiel. Le premier est dû au frère David-Marc d’Hamonville, ancien père abbé d’En Calcat (jusqu’en 2020), à qui l’on doit déjà, dans cette même collection, une présentation du livre des Proverbes (voir NRT 141, 2019, 653). Vu la taille réduite du livre qu’il prend ici en charge (4 chap. et 48 v.), le frère David peut se payer le luxe d’offrir – même si ce n’est pas au sens classique d’une lecture verset par verset – un véritable petit commentaire sur cet OBNI (objet biblique non identifié) qu’est le livre de Jonas. Il le fait, sans technicité aucune, en s’appuyant sur sa culture exégétique et sur sa sensibilité littéraire, mais aussi pétri par sa longue expérience monastique, marquée par le silence, par la prière (p. 28 : « l’un des fils rouges qui court à travers toute l’aventure de Jonas et qui donne sens à l’ensemble ») et par la rumination d’une Parole qui s’y révèle si diverse, si déconcertante et si fulgurante (chap. 3). Par approches thématiques successives, il relit ainsi le livre de Jonas sous l’angle de la vraie et fausse prophétie (chap. 4), de l’élection et l’exclusion (chap. 5), du temps et de l’espace (chap. 6), de la vie et de la mort (chap. 7), pour terminer par quatre chapitres d’« actualisation » : « Le signe de Jonas », dans le NT (chap. 8), les « enjeux spirituels » du livre (chap. 9), sa « réception » dans l’histoire (chap. 10) et « Le livre de Jonas, clefs pour comprendre notre culture » (chap. 10). Mais, comme le moine bénédictin le suggère, la vraie conclusion n’est pas dans les mots, mais dans le silence auquel la fin ouverte du récit (Jon 4,11) renvoie Jonas et son lecteur. Silence qui peut toutefois devenir prière et élargir le cœur s’il est vécu en Dieu.

Dans un espace identique (autour de 140 p.), tout autre est le cahier des charges d’Elena Di Pede, puisque cette dernière – spécialiste de la littérature prophétique et professeur à l’Université de Lorraine – doit présenter le livre d’Ézéchiel, vingt-cinq fois plus long (48 chapitres et près de 1300 v.), mais non moins déroutant que le livre de Jonas, même si c’est d’une tout autre façon. Malgré la contrainte, le pari est réussi avec, tout d’abord, une mise en situation (chap. 1 : contexte historique, présentation du prophète, rédaction, destinataires), suivie d’une proposition de résumé et de structure du livre (chap. 2, avec deux schémas très éclairants) et un chapitre sur le langage et le style si variés et si particuliers d’Ez (chap. 3 : récit en « je », langage sacerdotal et juridique, visions, énigmes, proverbes, dictons, etc.). Les six chapitres suivants balaient le texte sous des éclairages différents : les deux faces, négative et positive, de l’exil (chap. 4) ; la mission du prophète (chap. 5 : « Se lever, manger, parler et se taire ») ; les visions (chap. 6 : « Du chaos à la clarté ») ; les métaphores familiales, cinglantes et crues, qui racontent l’histoire symbolique de Jérusalem et de Samarie en Ez 16 et 23 (chap. 7) ; les oracles contre les nations bien réelles d’Ez 25–32 ; 35 (Ammon, Moab, Édom, Tyr, etc.) et ceux contre la figure apocalyptique de Gog, roi de Magog en Ez 38-39 (chap. 8) ; la justice (chap. 9). Dans cette traversée instructive, on regrettera tout de même la place réduite accordée aux chapitres finaux de la « Torah d’Ezéchiel » (Ez 40-48), seulement abordés dans le cadre des visions (p. 84-86). Répondant aux critères de la collection, les trois derniers chapitres traitent brièvement de la réception d’Ez (chap. 10) et de son actualité dans notre culture contemporaine (chap. 11). En ajoutant un lexique, une chronologie, trois cartes et une bibliographie, l’auteure fournit un condensé d’informations solides qui favorise l’accès au texte biblique et renvoie sans cesse à lui. — D. Luciani

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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