Joseph Ratzinger - Benoît xvi et le ministère pétrinien, préf. Card. R. Sarah

Christian Gouyaud
Teología - reviewer : Charles Scrive f.m.j.

Christian Gouyaud, prêtre du diocèse de Strasbourg, propose « une lecture théologique » du pontificat de Benoît xvi, selon les mots du Cardinal Sarah en préface de cet ouvrage. Ce panorama des écrits et discours de Joseph Ratzinger, devenu Benoît xvi, nous permet de percevoir la pensée cohérente d’un théologien hors normes qui marquera le Concile et sa réception à travers l’histoire. Dès les premières années de son enseignement, puis de son pontificat, Joseph Ratzinger-Benoît xvi aura une conception originale, voire dramatique, de la fonction épiscopale et du ministère pétrinien qu’il assumera successivement : pour lui, « la primauté s’est développée dès le commencement comme primauté du martyre » (p. 54). Considéré comme un rempart contre l’arbitraire, ce ministère ainsi envisagé met à distance toutes les prétentions hégémoniques du pouvoir temporel. Cette primauté pontificale s’articule également avec le collège épiscopal. Témoin privilégié de Vatican ii, J. Ratzinger explicite régulièrement le thème et l’exercice de la collégialité sous le vocable de la fraternité. Ici l’A. aurait pu mentionner l’ouvrage intitulé Frères dans le Christ, publié en 1962, qui fera date et qui pose les jalons d’une ecclésiologie en germe. On retrouve ici l’esprit de la collégialité destinée à valoriser l’épiscopat, tout en évitant de tomber dans la bureaucratie des conférences épiscopales ou des commissions anonymes. Quant aux synodes, le pape émérite les considère avant tout comme « un simple instrument d’information mutuelle, de correction réciproque et de promotion des vertus théologales » et non comme un organe de gouvernement collégial. Ces différenciations indiquent et évoquent tous les points d’appui de son ministère pétrinien.

Concernant son magistère théologique, l’A. met en évidence le dialogue fécond entre foi et raison soutenu par J. Ratzinger-Benoît xvi dans son combat contre « la dictature du relativisme ». On se souvient également des encycliques successives sur les vertus théologales de foi, d’espérance et de charité, mais aussi des publications catéchétiques comme le Youcat ou le Compendium du Catéchisme de l’Église catholique. Ancrés dans la Parole de Dieu et les Pères, ses enseignements portaient le souci de l’intelligence de la foi.

C. Gouyaud évoque aussi le ministère d’unité. Dans sa manière de pratiquer l’œcuménisme, le pape émérite envisageait l’unité comme une vérité à rechercher, sans compromission de langage. Refusant tout à la fois « l’œcuménisme de base » et « l’œcuménisme de la hiérarchie », il mettait en évidence le rôle de Pierre dans cette nécessaire conversion intérieure.

La liturgie fut également un sujet de vigilance du souverain pontife ; elle se doit d’être conforme au Logos et orientée vers Dieu à travers des rites précis. Dans ce service du peuple, la question du sacerdoce est également évoquée en termes sacramentels et jusque dans les questions douloureuses des abus sexuels sur mineur. Ce ministère pétrinien de Benoît xvi prend enfin toute sa valeur dans l’événement de l’élection puis de la renonciation que l’A. choisit d’analyser.

En conclusion, l’A. tente de résumer l’axe principal de la pensée et du ministère de J. Ratzinger-Benoît xvi : « On pourrait dire qu’il est dans sa vie et dans son œuvre opposé à toute forme de positivisme » (p. 466). Ce regard ultime posé sur cette œuvre immense offre au lecteur une belle synthèse et une nouvelle manière d’appréhender la pensée du pape émérite. — C.S.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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