La beauté de ce texte est double. La première est celle d'avoir
parcouru, verset après verset, la totalité d'un livre biblique. La
deuxième en est la forme, celle d'une prière: le texte du Cantique,
lettre d'amour adressée par Dieu aux hommes, y devient l'occasion
d'une réponse aimante adressée directement à Dieu. Sa faiblesse est
double aussi: l'absence d'une lecture attentive du sens littéral de
l'Écriture d'où jaillit le sens spirituel (l'A. ne base pas son
commentaire sur l'histoire du salut) et un registre souvent
abstrait pour décrire le rapport de Dieu avec l'âme, qui se limite
au registre spirituel, ascétique, mystique, sans s'enraciner dans
la dimension historique, ecclésiale, sacramentelle de l'expérience
spirituelle.Le livre a été écrit entre 1924 et 1927 par l'Abbé
Augustin Delage, sulpicien, professeur de théologie au Grand
Séminaire de Limoges, et publié en 1931 avec le pseudonyme de
Robert de Langeac. Il avait pour titre Virgo fidelis. Le prix de la
vie cachée. Il était, avant tout, une invitation à rechercher la
solitude, le silence, l'intimité avec Dieu dans la «demeure» que
l'âme fidèle lui a préparée. La pensée théologique y est assez
fragmentaire, même si elle est éclairée ici et là par des prières
adressées à l'une des trois personnes divines de la Trinité, dans
leur rapport intra-divin clairement affirmé. L'A. déclare sa dette
envers Thomas d'Aquin, Thérèse d'Avila, Jean de la Croix et
François de Sales, tandis que pour le style il doit beaucoup, selon
nous, à Catherine de Sienne et à la bienheureuse Elisabeth de la
Trinité. - E. Barucco ocd