L'altro Agostino. Ermeneutica e retorica della grazia dalla crisi alla metamorfosi del «De Doctrina christiana»
G. Lettieri
Teología
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reviewer :
Leclair
Augustin (354-430) fut manichéen de 373 à 383, se convertit en 385,
devint prêtre en 391 et évêque en 395. On a souvent écrit que la
doctrine augustinienne de la prédestination, du péché originel qui
a tout perverti, de la «massa damnata», de la damnation des enfants
morts sans baptême serait due à la vieillesse et aux besoins de la
polémique antipélagienne, en particulier pour clore le bec au
pétulant évêque Julien d'Éclane. On voulait ainsi sauver un
augustinisme modéré, celui de la «belle époque», en sacrifiant les
excès du vieillard irascible devant des résistances inattendues. G.
Lettieri, professeur d'histoire ecclésiastique à Rome, s'inscrit en
faux contre ces insinuations et affirme la continuité de la pensée
théologique augustinienne depuis le début de 397, avec son écrit Ad
Simplicianum. Après avoir donné la chronologie probable des oeuvres
d'Augustin, il pose la question: pourquoi le grand théologien
a-t-il interrompu son de doctrina christiana en 397 pour le
reprendre et le bâcler 30 ans plus tard, en 426-7? Selon lui et
contrairement à ce que prétend Augustin dans ses Retractationes en
426, l'Ad Simpl. a suivi et non pas précédé le de doct. chr.; c'est
la brusque illumination du docteur de la grâce en écrivant ce
traité qui l'a poussé à laisser tomber une oeuvre de facture
humaniste qui accordait trop d'importance encore à la raison et à
la liberté. En effet, l'Ad Simpl. commentait Rm 9,10-29 où Paul
écrit que «Dieu opère en nous le vouloir et l'agir… et crée notre
réponse par pur don de sa miséricorde» (9,16) sans violenter la
liberté mais en la mouvant de l'intérieur. Désormais la théologie
d'Augustin va développer, élargir, approfondir la toute-puissance
de la grâce gratuite et prédestinée. Et Lettieri le prouve à
travers toutes les oeuvres prises dans leur ordre chronologique.
Son étude se veut strictement scientifique et philologique,
indépendante de tout présupposé confessionnel. Il fait remarquer
que cette doctrine de la grâce toute-puissante doit provenir
également du stoïcisme à travers le De fato de son maître, Cicéron
et dont Augustin applique à la grâce la dialectique rhétorique.
Évidemment Augustin s'est alors posé la question du sens de
l'Incarnation et de la Rédemption, si tout est joué d'avance. Mais
au lieu de chercher à concilier les deux doctrines, il préfère se
retrancher derrière l'argument facile du mystère divin.Il est
certain que ce livre va susciter des oppositions de beaucoup
d'augustiniens catholiques, mais Lettieri les attend de pied ferme,
eux et leurs arguments pour essayer de réfuter ses preuves. À leur
intention, il pose 12 questions embarrassantes. Il reconnaît que
c'est un de ses professeurs, M. Simonetti, qui l'avait mis sur
cette piste et il note que d'autres spécialistes avaient déjà
suggéré cette continuité dans la pensée d'Augustin après sa
volte-face de 397, LaBriolle, Pincherle, Ferrari, etc. Il remarque
aussi que Luther, Calvin et Jansénius avaient vu juste sur ce
point. Cet ouvrage fera date dans la longue histoire de
l'augustinisme et mérite toute l'attention des spécialistes
catholiques. - G. Leclair.