Trois hommes et trois femmes s’expriment ici sur trois interventions techniques dans l’engendrement des enfants : gestation pour autrui, assistance médicale à la procréation pour femmes sans homme, utérus artificiel. Myriam Szejer et Jean-Pierre Winter critiquent ensemble, comme psychanalystes, la GPA : ne retire-t-elle pas en effet au bébé les bases de son narcissisme primordial ? Ensuite, Bruno Saintôt s.j. (qui signe aussi la préface) relève, dans l’argumentation du Comité consultatif national d’éthique, d’un avis à l’autre, les inexplicables ruptures logiques qui conduisent à admettre l’ouverture de l’AMP aux femmes seules et aux couples de femmes, tandis que Didier Sicard souligne la nécessité de retrouver dans la transcendance laïque du bien commun le moyen d’éviter tant l’exploitation mercantile des découvertes scientifiques que la pression exercée par l’activité scientifique elle-même sur le législateur.

Ce double point de vue masculin montrant les dangers d’une technique palliative où s’insinue l’expertise eugéniste, est heureusement complété, de l’intérieur dirait-on, par le point de vue féminin. En prenant pour ligne de mire les recherches actuelles sur l’utérus artificiel, Clarisse Picard fait comprendre, à partir d’une phénoménologie de l’enfantement, quel dommage ce serait – pour tous – de se passer du corps des femmes dans la mise au monde d’un enfant. Comme en écho, Agnès Mannooretonil donne cinq belles petites pages qui cherchent « la juste place pour le prodige effrayant et non civilisé de la naissance ». Chronologie, index et bibliographie achèvent ce recueil très unifié. — X Dijon s.j.