L'avenir du christianisme

Stanislas Breton
Depuis toujours, l'A. s'est attaché aux questions les plus difficiles que posent les temps contemporains à la pensée chrétienne. Après ses travaux sur le thomisme et la phénoménologie, il s'est inspiré de Maître Eckhart tout en méditant sur la splendeur du sensible (voir par exemple sa Poétique du sensible, 1988). Sa question récurrente est celle du «principe» dont le chrétien contemple la révélation sur la croix du Christ. Avec une attention égale à l'histoire de la pensée et à l'Écriture, l'ouvrage commence par articuler la foi et la religion. Aucun de ces pôles ne peut disparaître dans la vie chrétienne; l'A. entend demeurer là où «il est possible et nécessaire d'unir à la nudité mortifiante de la foi une sincère religion de la croix» (p. 94). Fidèle à la «voie» du Christ, la réflexion suit l'expérience spirituelle qui va en direction de la «demeure» de Jésus. Quelle est cette demeure? «Vers quoi nous achemine la voie? La réponse ne peut être que celle-ci: par les actes et mouvements qui la parcourent, la voie nous enracine toujours plus dans le demeurer de la sainte indifférence» (p. 104). Cette voie exige beaucoup de renoncement.
L'«odologie» invite surtout à contenir le savoir sur Dieu, l'«ontologie» du divin. Nous avons habituellement la tentation de plier le chemin sur la science et d'épuiser ainsi la «sainte indifférence» dans quelque affirmation assurée de soi; mais on détruit ainsi la légitimité du savoir et son ouverture aux perfections divines qui, pour être entendues droitement, doivent l'être métaphoriquement, «comme si», disait Plotin, des traces pour un chemin. Le livre médite ensuite sur la relation du christianisme avec le monde sécularisé et laïcisé d'aujourd'hui et sur l'attrait de la conscience occidentale par la pensée orientale. L'A. a beaucoup de sympathie pour cette pensée qui est capable d'abriter nos exigences spéculatives les plus pointues, par exemple quant à la distinction entre l'unité et l'unicité. Nous aurions à mieux comprendre le sens de l'être, à éviter que «l'autrement de modalité se soit converti en altérité souvent mortifère» (p. 55). Plus particulièrement, le christianisme a pour tâche de vivre «autrement» le rapport aux religions orientales; «une longue écoute est nécessaire pour que l''autre', si éloigné soit-il, devienne, à force de patience, le proche de chacun» (p. 171). - P. Gilbert, S.J.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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