L’empathie à l'école du Christ : phénoménologie, neurosciences, accompagnement spirituel, préf. E. Durand o.p.

Maximilien-Marie Barrié
Espiritualidad - reviewer : Pascal Ide

Le livre du frère carme de la province d’Avignon-Aquitaine est simple, riche et profond. Son objet est l’empathie chrétienne. Pour l’exposer, il procède en quatre temps : deux rationnels, deux théologiques.

Le premier, philosophique, définit la nature de l’empathie à l’école d’Edith Stein dont la thèse a porté sur ce sujet.

Le deuxième, scientifique, fonde (partiellement) l’empathie dans les neurones miroirs, qui furent découverts par le professeur Rizzolatti : les mêmes neurones s’activent quand un homme (mais aussi un singe) effectue une action ou lorsqu’il la voit effectuée par un autre.

L’empathie apparaît ainsi comme une compétence universelle mise en œuvre, souvent à notre insu, dans les rencontres interpersonnelles.

Le troisième, théologique, applique la notion ainsi définie et fondée à l’attitude du Christ décrite par les Évangiles. Selon Maximilien-Marie Barrié, le Christ exerce l’empathie dans pas moins d’une soixantaine de passages. En particulier, dans la guérison et le pardon du paralytique (Mc 2,1-12), le Christ pose deux actes d’empathie, dont rien ne permet de dire qu’il s’agit d’un acte proprement divin. Faisant appel à la tripartition thomasienne des sciences humaines du Christ, l’A. montre que l’empathie conjoint connaissance acquise et connaissance infuse, notamment par le lumen propheticum. L’empathie permettant de saisir la vérité présente dans ses interlocuteurs, le Christ en a fait un élément essentiel de la charité qu’il porte aux hommes.

À notre tour, explique la dernière partie, pastorale, nous devons pratiquer l’empathie dans notre mission, p. ex. dans la tâche aussi belle qu’ardue de l’éducation, ainsi que Thérèse de Jésus ou Edith Stein en donnent l’exemple, et comme Thomas d’Aquin l’éclaire à partir des trois vertus théologales.

L’on souhaite que l’A. approfondisse son travail, p. ex., en se confrontant avec d’autres approches pratiques de l’empathie, comme celles développées par Carl Rogers ou Marshal Rosenberg, et, plus encore, avec les théoriciens de l’altruisme comme C. Daniel Batson. Pour l’instant, réjouissons-nous de ce travail audacieux qui introduit l’empathie en théologie, comme disposition naturelle à la charité, et cette tentative d’articuler des disciplines aussi diverses que neurosciences, phénoménologie, théologie et pastorale. — P. Ide

newsletter


the review


La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

contact


Nouvelle revue théologique
Boulevard Saint-Michel, 24
1040 Bruxelles, Belgique
Tél. +32 (0)2 739 34 80