L'infatigable fouilleur de textes qu'est le P.B. a cru retrouver la
lettre de Paul aux Laodicéens, non reprise au canon des épîtres
pauliniennes, dans un certain nombre de passages de celle aux
Colossiens (cf. Cahiers de la Revue Biblique, 42, Paris,
1999). Maintenant, il s'attaque à la lettre aux Éphésiens, que
d'aucuns considèrent comme non authentique. Là encore, notre A.
essaie d'en dégager le contenu initial, en procédant de façon
analogue, c'est-à-dire en éliminant ce qu'il considère comme des
interpolations. Relisant l'épître paragraphe par paragraphe, il
commente le texte canonique en pointant les gloses et ajouts
rédactionnels. Pour lui, l'unité de la lettre est à rechercher dans
le fait «qu'elle se présente comme un commentaire de la liturgie
baptismale» (p. 72): la partie dogmatique gravite autour de notre
union au mystère de la mort et de la résurrection du Christ; la
parénèse renvoie à la symbolique du baptême (face tournée vers la
lumière, changement de vêtement: comprenons «réforme de vie»).
Comparant alors Ep et Col, l'A. détecte deux niveaux de rédaction
et se fait fort de distinguer le texte de Paul du fruit de
l'activité du rédacteur. L'entreprise est évidemment hasardeuse,
car elle dépend en partie d'évaluations subjectives; de toute
manière, comment prouver l'exactitude de ce discernement
exégétique? Le produit fini est cependant intéressant et pourrait
rendre compte de certaines «anomalies» du texte. L'enquête de l'A.,
pour ingénieuse qu'elle soit, n'emportera sans doute pas la
conviction des commentateurs. Ils ne pourront pour autant négliger
cette étude qui leur apportera des suggestions, dont la fécondité
reste à vérifier. Bref, nous demeurons hésitant devant ce type de
solution du problème d'authenticité de la lettre aux Éphésiens. -
J. Radermakers, S.J.