L'Europa. Scritti e discorsi, éd. M. Romana De Gasperi

A. De Gasperi
Historia - reviewer : Bruno Clarot s.j.
Cinquante ans après sa mort, la fille de De Gasperi publie une seconde édition de ses Discours et écrits les plus importants sur l'Europe, en y joignant une substantielle introduction. Né dans le Trentin autrichien, Alcide (1881-1954) fit ses études supérieures à Vienne où il devint docteur en philosophie et revint diriger le journal diocésain de Trente, La Voce cattolica. En 1906 il en fit Il Trentino, journal politique des chrétiens-sociaux. En 1911 il fut élu député et, pendant la guerre de 1914, il s'occupa des réfugiés. En 1919 le Trentin passe à l'Italie et en 1921 De Gasperi est élu député du Parti Populaire dont il devint secrétaire. Son fondateur, don Sturzo, dut s'exiler face au fascisme qui dissoudra le Parti Populaire en 1926, tandis qu'Alcide fit 16 mois de prison pour antifascisme. Une fois libéré, il entra à la Bibliothèque Vaticane. Dès 1942, prévoyant la défaite italienne, il rédigea le programme de la future Démocratie Chrétienne. Député en 1945, il fut pendant 8 ans Président du Conseil des ministres et travailla à l'intégration européenne. En 1948 il se trouve à La Haye, au premier congrès européen qui imagine l'intégration économique de l'Europe. Avec Schuman et Adenauer ils fondèrent la CECA (Communauté du Charbon-acier). Ils comptaient passer rapidement à une intégration militaire et De Gasperi fit accepter et inscrire le projet d'une future union politique. En 1954, il fut élu Président de la CECA et mourut peu après, alors que la France avait rejeté la CED, Communauté européenne de défense, bloquant ainsi l'intégration politique.
De Gasperi avait connu Adenauer dès 1921 et, comme Schuman, était passé par deux nationalités; en tant que député autrichien, il avait en outre fait l'expérience d'un parlement multiculturel avec ses avantages et ses inconvénients. Les démocrates-chrétiens étaient les moteurs de l'intégration européenne dans presque tous les 6 pays du début et ont imprimé leur marque à l'Union européenne. Ce volume reprend 24 des textes les plus importants de l'A. sur l'Europe. Il était convaincu que la tendance à l'unité était une tendance historique en Europe selon le désir de Dieu qui nous veut unis (Jn 17); mais il évitait d'insister sur l'origine chrétienne du projet et préférait mettre en avant l'héritage d'une morale commune privilégiant la responsabilité personnelle, la fraternité, le droit, la vérité, la justice. L'Europe avait une culture commune à défendre face aux grands blocs communiste et capitaliste américain. Rejetant les inimitiés et les rancunes séculaires, les Européens doivent inventer leur manière d'être à partir de ce qui existe déjà. Il nous faut apprendre à vivre le pluralisme dans le respect des libertés de chacun. Outre l'union économique et technique, l'Europe a besoin d'une âme. De Gasperi voulait prévoir une unité politique pour fournir un idéal aux jeunes, en y joignant la solidarité humaine et le service du prochain. «Oui, disait-il, l'Europe est un mythe, mais il est préférable à bien d'autres et peut empêcher le retour des dictateurs qui se disent toujours prêts à sauver les peuples avant de les asservir».
Les idées de De Gasperi étaient en avance sur l'opinion européenne et mûrissent peu à peu, non sans peine, comme on le voit avec le projet de Constitution européenne. - B.C.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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