Il pose l'hypothèse d'un évangile primitif, base supposée de la «triple tradition», et il considère l'évangile de Marc comme la synthèse d'un pré-Matthieu et d'un pré-Luc. Il examine ensuite les nombreux «doublets» de Mc et les changements de vocabulaire qu'ils révèlent avant de constater que cette pratique des doublets est courante à l'époque. Il teste alors son travail à partir des traces dans les textes d'une évolution du rite eucharistique dans les premières communautés dont les évangiles se font l'écho. Sur ce tremplin d'évolution, il croit pouvoir suggérer une ouverture de l'Église à une nouvelle inculturation. Tel est le résumé, trop rapide, de l'immense labeur entrepris par l'A., et qui force l'admiration. Finalement, il propose le texte épuré d'un évangile primitif «l'évangile de Jérusalem» (p. 208-229) et il termine par une série d'hypothèses sur la rédaction des évangiles. Retenons une note à propos de Mc: «L'Évangile de Marc serait donc une oeuvre de circonstance, ficelant dans l'urgence les canevas disponibles au moment de sa rédaction, avec pour but d'officialiser la fusion des rites de deux églises primitives pour l'enseignement de Rome» (p. 238). Il pense rejoindre ainsi les conclusions d'Ét. Nodet et J. Taylor à propos de l'évolution du rite eucharistique dans leur Essai sur les origines du christianisme (Cerf, 1998; cf. NRT 121 [1999] 279).
Cette étude, passionnante à certains égards, impressionnera le lecteur. Le convaincra-t-elle? De toute façon, elle est à verser au dossier déjà volumineux sur «les origines du christianisme». Affaire à suivre. - J. Radermakers sj