Le sous-titre de l'ouvrage indique les frontières thématiques et
temporelles de cette étude : l'apparition dans la patristique des
premiers siècles chrétiens de l'effort de « compréhension » de
l'article du Credo qui nous promet « la résurrection de la chair ».
Nous vivons, dans ces pages, les débats où sonnent les noms de
Tertullien, Jérôme et Augustin, sans oublier Origène, pour ne
mentionner qu'eux. « À la différence, mentionne l'A., des
traditions hellénistiques, platonicienne et stoïcienne, qui
opposent l'âme et le corps et qui ne voient dans le corps qu'une
prison de l'âme ou son tombeau, le corps chrétien invente la chair
comme lieu paradoxal de division, de rupture, de chute et en même
temps d'unité, de réparation et de salut (…). C'est l'invention des
liens entre le corps et l'histoire, la chair et le temps pour
l'écriture d'une histoire du corps en Occident ». On ne s'étonnera
pas de rencontrer, sous-jacentes et essentielles, les
« disputes » : à propos de l'Incarnation du Verbe et de la
« réalité » du Corps du Christ ; de sa naissance de Marie ; de
l'inouï du « Ceci est mon Corps, ceci est mon Sang » ; de son
écoulement à l'Agonie et de l'authenticité humaine de la souffrance
de la Croix, et de l'« histoire » de sa Résurrection « en corps et
en âme », pour siéger glorifié auprès du Père d'où il nous envoie
l'Esprit… Une lecture ecclésiale très attentive, et souvent
reprise, est nécessaire pour s'approcher prudemment du mystère
proclamé par le disciple bien-aimé
(cf. Jn 1,1-4). L'entreprise « conceptuelle » de
l'époque patristique a été énorme, et son inspiration scripturaire,
patiente. L'assistance de l'Esprit lors de la formulation
dogmatique conciliaire a circonscrit et affermi la profession de
notre Credo, et a « ainsi » offert à notre raison les splendeurs
divines, cachées depuis la fondation du monde et maintenant
dévoilées, devant lesquelles s'ouvrir au Mystère du Corps et de sa
Vérité ultime promise en Lui à notre chair mortelle. -
J. Burton s.j.