Ce livre de grand intérêt, agréablement présenté et relié, est
dédié à Mgr Julien Ries, cardinal depuis peu. Il est l'oeuvre d'un
de ses disciples et amis, indianiste chevronné de l'Univ.
d'Utrecht, qui s'est spécialisé en philosophie des systèmes
classiques hindous. Son ouvrage s'inscrit en théologie des
religions comme une confrontation entre la Bible et le Veda:
peut-on unanimement parler de ces deux traditions comme «Parole de
Dieu»? Telle est la question.Tout le livre consiste en une
comparaison minutieuse entre les deux écrits. L'avant-propos de Mgr
Ries situe avec précision l'étude de l'A.: le Veda signifie «la
connaissance», et spécifiquement la connaissance «révélée»
(distinction et création du cosmos) en cycles de savoir se
succédant en déperdition d'énergies. La 1ère partie prend ainsi le
point de vue de l'orientaliste. Dans la seconde, l'orientaliste se
double de l'exégète catholique. La Parole de Dieu est liée aux
notions d'inspiration, de vérité, de canonicité et de révélation au
sens strict. La discussion se déploie: raison, foi et révélation,
philosophes hindous, approche logique et rationnelle de Dieu,
auteur de la Bible, soutenant l'activité des écrivains sacrés comme
véritables auteurs et donc livre de Dieu et de l'homme: Parole de
Dieu en paroles d'hommes. Or le Veda n'a pas une origine divine;
seule la Bible porte la garantie de l'authenticité et de
l'inerrance, sous caution de l'Esprit Saint. De plus, Dei
Verbum insiste sur le caractère salvifique de la révélation
chrétienne: «pour notre salut», selon l'intention de l'écrivain
sacré. Quant au Veda, il constitue le sens ultime du
dharma, - c'est-à-dire l'ensemble des devoirs et des
droits de l'hindou = pratique religieuse = vérité du Verbe - sans
magistère et donc sans contrôle, d'où certaines contradictions ou
interprétations extravagantes.Mgr Julien Ries achève sa préface en
notant que déjà les Pères grecs s'interrogeaient sur le problème de
la rencontre des religions, à la suite du saint martyr Justin
(†165). Il conclut: «Seul l'Évangile révèle le Verbe tout entier,
source de plénitude de la vérité: les autres Écritures sacrées
possèdent des germes du Verbe divin» (p.xXIX). Ainsi, le travail
minutieux, probe, nuancé, solidement informé de l'A. permet
d'apprécier plus justement les traces de la révélation divine dans
l'itinéraire religieux de l'homme, et ici dans le contexte de
l'hindouisme. - J. Radermakers sj