La carte protestante. Le protestantisme francophone et la modernité (1815-1848)
W. EdgarEcumenismo - reviewer : Bernard Joassart s.j.
Et pourtant, le protestantisme francophone a connu des personnalités éminentes qui jouèrent un rôle majeur dans les affaires de la Cité: Secrétan, Mme de Staël, Monod, Constant, etc. On ne peut donc que se féliciter de l'entreprise menée par W.E., qui a interrogé l'univers protestant à propos de sa manière d'envisager le monde moderne. Mais avant de scruter la «carte protestante», l'A. s'est d'abord attaché à définir les contours de la modernité: à elle seule cette tâche était délicate, car on sait combien le terme est utilisé de nos jours, un peu comme un slogan, sans qu'on sache exactement ce qu'il recouvre. Face à ce monde «nouveau», issu des Lumières et de la Révolution, il ressort de l'analyse de W.E. que l'univers protestant a finalement emboîté le pas à la modernité et qu'il y a reconnu de réelles valeurs, v. g. celle de la démocratie. Est-ce à dire qu'il n'était pas conscient de certains dangers? Non point. Mais, comme le souligne fort bien l'A., le protestantisme pécha sans doute par optimisme: finalement, le monde moderne lui parut comme étant en perpétuel progrès, et un progrès uniquement positif. Pourquoi cette faiblesse? À notre avis, c'est là une difficulté inhérente au protestantisme: l'excessive séparation qu'il établit entre le religieux et le profane, entre le sentiment et la raison. - B.J.