Dans le cadre d'une année consacrée à la jeunesse et à la famille
dans son diocèse, l'archevêque de Paris a rencontré trois couples
d'âges et de situations différents. Sans se connaître, ils ont posé
les questions qui les préoccupaient. Questions et réponses ont été
structurées selon quelques grandes thématiques par J. Duchesne. Les
questions sont riches et pertinentes. Ce qui frappe dans les
réponses, c'est le ton réaliste et pastoral de l'A.: une sagesse de
vie est transmise sans lyrisme, avec bonté, mais avec une force et
une vigueur sans failles. Oui, l'Église a le droit et le devoir de
parler de la famille (i). L'amour humain, malgré ses formes
diverses, est «un»: il est vocation dans le mariage et dans le plan
de Dieu (ii et iii). La question de l'accueil de l'enfant ne peut
être esquivée malgré les difficultés, tentations et drames
(stérilité) qui l'accompagnent (iv). L'éducation des enfants est
une tâche qui est propre à la famille mais qui la dépasse puisque
d'autres acteurs doivent intervenir (v). Le chapitre vi est plus
explicitement pastoral et souligne les enjeux de la transmission de
la foi: parler de Dieu, prier ensemble, aller au catéchisme et
mener une vie chrétienne, être fidèle à l'eucharistie en respectant
tous les membres de la famille. La famille n'est ni «monoparentale»
ni «nucléaire»: elle est plus large et intergénérationnelle (vii):
que de joies, de soucis et de responsabilités nouvelles évoquées
pour nous indiquer comment la «famille» est une parabole de notre
filiation commune. L'unique Père du ciel connaît et aime chacun de
ses enfants par son nom. La famille au sein de la société
contemporaine (viii) doit y vivre sans complexes, sans replis sur
soi, sans se construire de manière illusoire à côté des réalités,
mais sans illusion sur certaines valeurs du monde. Être dans le
monde sans être du monde!Un tel livre ne peut se résumer: il sera
lu avec profit par tous les chrétiens qui découvriront des enjeux
décisifs de leurs vies. Ils noteront l'insistance de l'A. sur
l'importance de la Parole de Dieu et le témoignage incontournable
de cette cellule d'Église dans le rapport Église-Monde. Le
fondement de tout «bonheur à construire» n'est-il pas aussi dans la
liberté chrétienne qui discerne ce qui est bon et nécessaire à
faire? Dans le rapport délicat entre «la nature et la grâce», on
trouvera régulièrement le vocabulaire et la description de la tâche
naturelle de l'homme. Le bon sens, la bonne volonté, la libre
décision pour soi et ceux qu'on aime ne sont-ils pas à la racine de
tout agir humain, même dans des situations conjugales délicates? La
grâce élève la nature, mais ne la remplace pas! Par ailleurs, tout
ce que l'homme «construit» librement et qui est «bon et beau» est
aussi déjà de l'ordre de la grâce. Ainsi le Christ et son Église
sont-ils toujours présents à la famille. Ils sont proches de toute
initiative en son sein et ils pourvoient à toute faiblesse. Le
bonheur n'est pas qu'un désir ou un souci: il est une grâce à
accueillir librement! - A. Mattheeuws sj