La vie et la pensée d’Emmanuel Mounier, l’une indissociable de l’autre, fascinent jusqu’à aujourd’hui. Et cependant, on a peut-être des problèmes à lire des textes personnalistes des années 1930 aujourd’hui où le monde a tellement changé. A-t-il tellement changé ? L’A., professeur de philosophie à l’Inst. Cath. de Paris, s’occupe depuis des années de la pensée du fondateur de la revue Esprit et il nous présente par ce livre ses découvertes au fil du temps. Et en lisant les résultats, on peut douter que Paul Ricœur ait eu raison avec son jugement « Meurt le personnalisme, revienne la personne. » L’A. montre que nous avons besoin d’une philosophie engagée en faveur de la personne humaine. Ses 30 études sont reparties en 10 chap. dont les premiers abordent le personnalisme plutôt d’un point de vue historique, les derniers plutôt d’un regard systématique (politique, éducation, économie, religion). Parce qu’il s’agit d’un recueil, on peut lire chaque étude indépendamment des autres. La première partie dégage que le personnalisme mounierien est plutôt une pratique qu’une théorie (p. ex. la 3^e étude sur les « Entretiens » de Mounier publiés en 2017). La pratique d’être une personne (en rencontrant des autres personnes) est au fond de toute théorisation qu’on peut trouver dans les articles de la revue Esprit ou dans son dernier livre Le personnalisme de 1949. Et la deuxième partie développe comment le personnalisme peut être une réponse aux crises actuelles (voir en particulier le chap. 10 sur l’Europe et les dialogues avec le personnalisme américain et avec l’Afrique). Ce livre contient beaucoup d’inspirations pour aujourd’hui et montre une pensée personnaliste assez vivante. Donc : Vive le personnalisme et revienne la personne ! — M. Kneer