Cette édition offre, revue et corrigée à partir de la dernière
édition en arabe (publiée en français en 1964), une des premières
réflexions approfondies, en régime coranique, sur la
« personne ». L'A. (1923-1993), en contact avec le
personnalisme français étudié par ailleurs, offre un essai
d'anthropologie à même de fournir une base commune capable de
favoriser un dialogue argumenté. La possibilité d'une écoute
mutuelle interculturelle suppose une compréhension précise de ce
que les deux traditions entendent des concepts fondamentaux
véhiculés par des langues diverses à décoder, l'une étant
coranique : p. ex. shakhç et son
origine étrusque phersu, et l'autre
latine : persona. Ici, les pages concernant
la Shahâda (le « témoignage »,
l'engagement de la personne dans une
communauté, umma, de témoins, de sujets convoqués)
sont capitales (p. 45-50 dans la 1re partie).
Des auteurs arabes suivent parfois des trad. que notre
A. n'accepte pas. Les réserves et les interrogations
(2e partie) éviteront alors les raccourcis trop
rapides. Le travail fourni par le traducteur, théologien et
spécialiste de Lahbabi, ainsi que l'introd., sont ici
indispensables. On ne négligera pas le fait que nous
avons une lecture spécifique parfois aussi
controversée « à l'interne ». Malgré sa difficulté, et la
nécessité de lectures répétées, on est introduit sérieusement à une
compréhension « éclairée » de la culture musulmane
soucieuse de ne pas perdre ses racines en présence tant d'une
« modernité » occidentale « externe » que des
oppositions « internes » des divers courants
également issus du Coran, qui l'interprètent ou le trahissent. Il
est indispensable, pour un dialogue respectueux, de connaître les
autres et l'Autre invoqué. Ce livre exigeant y aidera. -
J. Burton s.j.