La Risonanza del Sublime. L'idea spirituale della musica in Occidente

Pierangelo Sequeri
Arte y literatura - reviewer : Davide Zordan
Outre que théologien de qualité, Monseigneur P. Sequeri est violoniste, compositeur, musicologue et promoteur d'un programme original de musicothérapie orchestrale pour enfants et jeunes gens avec des difficultés physiques et mentales. Il était donc le mieux équipé pour aborder un thème aussi réfractaire à la logique discursive du théologien, et qui comporte des pièges multiples pour l'amateur même le mieux intentionné. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que Sequeri consacre un ouvrage au rapport qui lie la musique à l'expérience spirituelle. Rappelons, entre autres, son importante et imposante étude Musica e mistica. Percorsi nella storia occidentale delle pratiche estetiche e religiose (2005), qui offre une interprétation théologique de l'histoire musicale dans ses rapports incontournables avec la mystique.
Le livre ici recensé ne dévie pas du sillon tracé avec le précédent ouvrage. Il a la modeste ambition de signaler les moments symptomatiques de l'histoire d'une spiritualité occidentale de la musique, dans le but de comprendre les possibilités que la musique ouvre encore aujourd'hui à la vie spirituelle. Ce qui émerge le long du parcours est surtout le service rendu par la musique aux paroles sacrées de la Bible, de la liturgie et de la dévotion. Par ce service inappréciable, la foi chrétienne des premiers siècles a su réconcilier l'intonation affective de la prière avec le plaisir musical de la louange - chose qui n'allait pas de soi, compte tenu du préjugé négatif qui considère la musique comme trop distrayante et absorbante pour la vie de l'âme. On le voit avec l'hymnologie latine la plus ancienne et le chant grégorien: le flux de la mélodie enveloppe les paroles de la foi d'une résonance affective qui en favorise l'appropriation personnelle priante.
Mais une telle acquisition n'est pas faite une fois pour toutes. La créativité musicale propre à chaque époque apparaît initialement comme un défi à la liturgie traditionnelle. Il en est ainsi, par exemple, lors du passage à la polyphonie et à la mutation conséquente de l'idée d'harmonie. Après un moment de résistance, les institutions ecclésiales ont consenti à un nouveau langage pour la musique sacrée, celui que mettront à l'honneur les Chapelles musicales des églises cathédrales et qui trouvera dans la poétique musicale de G.P. da Palestrina un sommet indépassable.La forme musicale se renouvelait tout en restant cohérente avec l'intentionnalité de la liturgie chrétienne. En régime de modernité, toutefois, cela ne marchera plus ainsi. C'est qu'une progressive autonomisation des arts, et la musique en particulier, tend à produire d'elles-mêmes ses valeurs et ses références. La musique «a brillamment appris à parler sans besoin de textes, à réfléchir sans besoin de concepts» (p. 104), ce qui représente, malgré les risques d'autocélébration, un progrès certain. L'impossibilité d'assigner dorénavant à la musique une intention spirituelle et théologique prédéterminée oblige à chercher encore des chemins nouveaux, pas du tout évidents, afin que la musique sacrée puisse être autre chose qu'un vestige du passé. Et si d'un côté l'Église perd progressivement ce rôle de protagoniste de la culture musicale qu'elle avait toujours assuré, d'un autre côté, la musique devient d'elle-même une célébration rituelle, sinon une véritable religion, à même de pourvoir une forme émotico-affective de l'expérience de la transcendance.
C'est le paradoxe dont vit encore la musique du XXe siècle, et qui ne sait ni veut pourtant se soustraire à la confrontation dialectique avec les thèmes de la tradition spirituelle et religieuse, à une époque où l'idéal ancien de la perfection mélodique apparaît comme une sorte d'ingénuité coupable, et une évocation de transcendance bon marché. Entre avant-gardes et expérimentations, l'avènement de la dissonance ne fait-il alors pas penser à la théologie négative? Sequeri conclut son itinéraire en indiquant quelques expériences récentes et prometteuses où le langage musical se réapproprie, selon des formes nouvelles, des codes de la tradition religieuse.
Ce livre dense et rigoureux réaffirme à chaque page une correspondance heureuse: si la musique possède une éloquence spirituelle en elle-même, l'expérience de la foi inclut une sorte d'en-chantement que les mots seuls me peuvent dire. Ainsi, là où elles se rencontrent, il nous est donné de mieux les entendre l'une et l'autre. Sequeri écrit en théologien. Il n'est pas intéressé à refaire l'histoire de la musique sacrée. Toute son attention se porte sur la détermination de la qualité esthétique de la foi chrétienne que l'exercice musical manifeste le long de l'histoire. Ayant déjà beaucoup écrit sur le sujet, il condense les questions. C'est pourquoi le lecteur musicalement moins préparé aura parfois quelque peine a le suivre. Peine bien récompensée, par ailleurs. - D. Zordan

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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