La saveur de Dieu. L'acédie dans le dynamisme de l'agir
J.-Ch. Nault osbMoral y derecho - reviewer : Noëlle Hausman s.c.m.
Passant sur les auteurs médiévaux, dont Raban Maur - il «sécularise» cette négligence dans le devoir quotidien et la vie spirituelle, sans qu'on puisse identifier l'acédie avec l'aridité spirituelle - on arrive bientôt aux précurseurs de Thomas, notamment le dominicain Guillaume Peyraut (160). Mais dans la Somme théologique, la doctrine sur l'acédie atteint son sommet, puisque l'Aquinate l'entend comme «dégoût de l'agir» et «torpeur de l'esprit», vraie paralysie spirituelle dont il fait un «vice 'théologal'» (285): «péché atteignant le repos amoureux en Dieu» (contre la charité) et qui connaît toute une «progéniture», dont sont analysés le désespoir d'obtenir la béatitude (contre l'espérance) et le choix délibéré du mal (contre la foi). C'est bien de l'acédie que le Christ nous délivre, ainsi que le montre la Somme contre les Gentils, quand elle énonce qu'il convenait que Dieu s'incarnât «pour relever l'espérance de l'homme en la béatitude» (346).
Après Thomas, la fragmentation des disciplines de la théologie, et la séparation entre morale et spiritualité, seront ruineuses pour la morale, qui délaissera l'acédie, et pour la mystique, qui n'y verra plus que mélancolie. Dans une morale d'obligation, que viendrait faire ce risque suprême, où Thomas désignait l'opposé de l'instinctus Spiritus Sancti, parce qu'il se plaçait dans une morale de l'agir excellent (455)? Quelques auteurs contemporains sont évoqués, pour assurer la perspective finale de l'A.: voir dans l'acédie la tentation de sortir de la demeure de l'agir, qui est ecclésiale, et reconnaître dans l'agir excellent, le moyen de retrouver «la saveur de Dieu» (465). - N. Hausman, S.C.M.