Hommage rendu à l'exégète belge Camille Focant, cette oeuvre collective est assurément une remarquable contribution à l'étude de la surprise dans la Bible. Le sommaire recèle en effet vingt-six signatures parmi les plus grandes, s'exprimant en français et en anglais: Baroni, Bogaert, Flichy, Luciani, Marguerat, Mirguet, Sonnet, Vermeylen, Vouga, Wénin, Zumstein… on voudrait les citer tous.
Le cycle de Jacob, homme des ruses et des surprises, ouvre logiquement le volume: situé parmi les surprises dans l'AT (Wénin), il présente le combat du Yabboq comme le mystérieux écho de la lutte intrautérine entre Jacob et Ésaü. Il est ainsi le prélude à l'inattendu baiser de paix des jumeaux. Apparaît alors que la surprise, universel narratif, est, au fond, la découverte déconcertante de Dieu dans le visage du frère (Sonnet) et dans les modalités de la réalisation de la Promesse (Flichy). Surprendre n'est pas sans danger: en Marc, l'étonnant portrait de Dieu est assorti de son surprenant rejet de la part de tous (Van Oyen).
Le lecteur, souvent associé au point de vue des personnages, comme dans le songe de Béthel, va lui-même de surprise en surprise. Il découvre peu à peu une intrigue à l'échelle de la Bible: que sera l'histoire des hommes s'ils résistent aux faveurs divines (Luciani)? Le lecteur de la Bible peut ainsi être appelé à faire d'autres choix que les acteurs du récit, à l'exemple du livre de Jérémie, où la surprise constitue un élément essentiel de l'interprétation du message prophétique et de sa réalisation (Di Pede). En effet, le narrateur guide ultimement les réactions du lecteur, comme dans le livre de Job où le discours d'Elihu, le seul à n'être pas contredit, constitue une surprise dévoilant l'idéologie du narrateur (Vermeylen). Finalement, le jeu des surprises se déploie dans la vie du lecteur, que St Jean pousse à s'interroger sur son acte de lecture, pour savoir s'il a raison de comprendre ce qu'il comprend (Sevrin). Sous la plume de Jean en effet, comme nulle part dans la Bible, le contenu de la révélation christologique est lié à l'ironie dans la construction de l'intrigue et aux effets de surprise du récit (Zumstein).
De nécessaires considérations théoriques enrichissent l'ouvrage. Ainsi, Baroni expose brillamment comment la surprise est liée aux tensions entre l'histoire déjà connue et l'histoire qui aurait pu se construire; il explore aussi le possible des interprétations fondées sur les virtualités du récit qui ne se sont pas réalisées. on appréciera comment Sonnet et Wénin éclairent cette recherche en mettant Sternberg et Baroni en dialogue.
Cet ouvrage se distingue par la qualité et la variété de ses contributions: on ne peut que recommander sa lecture. - D. Joseph fsj

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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