La vie morale selon saint Thomas d'Aquin. Une éthique des vertus
Leo J. EldersMoral y derecho - reviewer : Gonzague de Longcamp c.s.j.
Pour y répondre, Elders se livre à une étude patiente de la secunda Pars de la Somme Théologique. Dans les huit premiers chapitres, il analyse le bonheur, l'acte humain, les passions, les habitus, les vices et la loi tels qu'ils sont présentés par l'Aquinate dans la prima secundae. L'A. consacre les quatre chapitres suivants aux quatre vertus cardinales telles que Th. d'A. les analyse dans la secunda secundae, pour conclure par une belle étude de l'amour et de l'amitié.
Malheureusement, à la fin de cette analyse précise et respectueuse, l'A. n'a pas réussi à convaincre son lecteur de la pertinence d'une éthique des vertus selon Th. d'A. En effet, plusieurs questions se posent. La 1e est d'ordre épistémologique: estil légitime, comme l'A. le souhaite, de ne conserver que les éléments philosophiques utilisés par l'Aquinate, en omettant le caractère théologique de l'analyse? Ensuite, dans son étude tant de l'acte humain que des habitus, l'A. nous semble avoir négligé une notion essentielle: la raison droite. Ceci l'amène à regarder les vertus de manière encore trop extérieure à la personne agissante qui, pourtant, est grandie et «humanisée» par l'acquisition des vertus. Une dernière réserve concerne la place de la finalité. Certes, l'A. consacre son 1er chap. à la question du bonheur, mais il ne montre pas assez, nous semble-t-il, comment la finalité va déterminer tout l'agir moral et l'acquisition des vertus.
À ce titre, pour faire ressortir toute l'acuité de la morale du Docteur Angélique, ne vaudrait-il pas mieux se lancer dans une étude de la morale du bonheur et de l'amitié? - G. de Longcamp csj