La vocation du prêtre face aux crises. La fidélité créatrice

François Bustillo Card.
Espiritualidad - reviewer : Alain Mattheeuws s.j.

Dans l’esprit de saint François – son amour de l’Église et des prêtres –, l’A. revisite l’essence du sacrement de l’ordre. Il commente avec bonheur les paroles de la liturgie d’ordination et offre, dans un style paisible, joie et courage pour les prêtres et l’Église de notre temps. « Mais pour sortir d’une conception trop humaine de la foi, liée souvent à des statistiques et à des tactiques, notre Église, pauvre de moyens et pauvre en chiffres, doit réveiller la créativité et la sérénité de la foi. Là où nous voyons des impasses Jésus ouvre des passages » (p. 203). La créativité est de combattre à la manière de David contre Goliath : avec Dieu et nos petites « armes humaines ».

En revenant à l’origine de la grâce reçue à l’ordination, il est possible de ne pas rester dans la honte ou le découragement (chap. 1) et de se convertir à la manière de Thérèse d’Avila : « j’avais l’âme fatiguée, elle est devenue passionnée ». Le « présent accidenté » de notre vie ecclésiale n’a pas un avenir durable. L’Écriture et la Tradition, profondément unies dans les liturgies sacramentelles, nous offrent des repères pour livrer le bon combat. Le prêtre n’est pas un fonctionnaire (chap. 2) : il est appelé à être lui-même, sans névrose et dans la béatitude de la gratuité (chap. 3). Il ne s’agit pas d’un projet humain, car c’est Dieu qui choisit, mais il convie les prêtres à travailler leur humanité et la gratuité de leur don au service de leurs frères.

Ensuite, l’A. déploie quelques traits de la vie et de la mission du prêtre : gouverner (chap. 4), enseigner (chap. 5), sanctifier (chap. 6). Ces présentations suivent un même chemin : un enseignement à partir du sacrement, la prise en compte des difficultés ou des objections, les perspectives d’avenir et de transformation de la tâche. Dans tous les cas, il convient de discerner et de devenir « vraiment » plus libre car souvent entre diverses époques de l’histoire humaine, il y a une continuité mortifère : « nous passons des “prisons institutionnelles” du passé aux prisons “du petit ego” de l’actualité. Chacun, au nom de la liberté, de sa liberté, fait ce qu’il veut » (p. 94). Grandir en liberté, c’est grandir en vie intérieure (p. 153).

Les trois derniers chapitres gardent la même inspiration, mais sont moins classiques et rendent compte de la fidélité créatrice de l’A. En effet, il montre ce qu’est le « tact » du prêtre (chap. 7) sur lequel l’Église a imposé les mains et les onctions sacramentelles qui passent par les mains du prêtre. Les actions du prêtre sont appelées aussi à réparer la vie relationnelle (chap. 8) dans la pudeur, l’innocence et le détachement ; et à rester porteurs de vie (chap. 9) en fuyant la médiocrité et en réveillant les « saints » désirs : « Désire donc, mais désire sans limites », disait saint Maximilien Kolbe à ses frères. L’annonce de la vie du Christ ressuscité passe aussi par le témoignage des prêtres.

Ce beau livre sur la vocation des prêtres est serein et plein d’espérance. Enraciné par méthode dans la liturgie du sacrement, il ravive la compréhension de l’identité sacerdotale et convie chaque lecteur à changer de regard sur la place des prêtres dans l’Église. « Notre ministère nous presse, dit l’A., pour être le signe de l’amour de Dieu » (p. 234). — A.Mt.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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