Une « théologie du franc-parler » ? L'énumération
des titres des chap. donnera les pistes qui conduisent vers la voie
libre : l'esprit d'audace ; l'esprit de défiance ;
le courage de Dieu : Jésus ; une franchise franche ;
la libre conversation ; fiance et défiance nouvelles. Est-ce
un nouveau style de conversation ? L'A. avait déjà abordé ce
thème dans La conversation et les écoutes
difficiles (2007). Une certaine manière de parler oriente
sa recherche : Théologie des
émotions (2008), Théologie de
l'aventure (2013), p. ex. Dans toutes ces
stratégies, il s'agit de « franchir le cercle
herméneutique ». L'A. lui-même rend compte de sa
démarche : « Ni l'être donné, ni
la beauté envoûtante, ni
le bien affiché, ni
la vérité affirmée ne suffisent [nous
soulignons]. Il s'agit de trouver, chacun selon sa force, une voie
qui mène vers leur secret, mais une voie libre où se manifestent
déjà la vie et la vérité, où vibre déjà la joie de vouloir et de
décider même lorsqu'on n'a pas le choix. Voie qui ne s'identifie
pas à une suite de procédures, car il s'agit d'une hardiesse, d'un
esprit d'audace, d'un franc-parler capable de reconnaître en tout
la contingence (…) mais aussi d'excéder un
univers de défiance, (…) de l'individualisme grégaire et du
volontarisme magique (des techniques) qui l'appuient. (…) La
théologie, sa détermination des contingences révélatrices
- déconstruisant la justification idéologique des rites
religieux et des pratiques cléricales - voilà qui appartient à
la libre puissance du franc-parler et non l'inverse ! »
Nous voilà avertis. La fréquentation, passionnante, de ce
franc-parler, offre bien des surprises, des ellipses
vertigineuses, des ouvertures qui mettent en route notre propre
réflexion, la court-circuitent parfois, mais jamais sans profit…
parfois onéreusement récolté. Un livre riche et difficile du genre
qui mérite une relecture - J. Burton s.j.