Le bouddhisme des Français. Le bouddhisme tibétain et la Soka Gakkaï en France. Contribution à une sociologie de la conversion

Th. Mathé
Religiones - reviewer : Jacques Scheuer s.j.
Au regard du sociologue, le bouddhisme apparaît comme un révélateur social: «nos compatriotes bouddhistes en disent autant sur la société française que sur le bouddhisme lui-même» (18). L'adhésion d'Occidentaux est en particulier l'occasion de reprendre l'examen de la conversion comme phénomène contemporain, à la fois en termes de demande et d'offre. L'A. a eu la bonne idée d'étudier en parallèle deux formes de bouddhisme très différentes tant au plan de la doctrine qu'à celui des structures institutionnelles: les écoles tibétaines, à forte structure monastique et relevant du Vajrayâna (Véhicule de Diamant), la Soka Gakkai, mouvement laïc d'origine japonaise et de formation récente, bien qu'il se situe dans la descendance spirituelle de Nichiren (13e s.). Les circonstances du premier contact, les récits de conversion, les conceptions du salut et les argumentations déployées, la place des pratiquants (comme individus ou comme groupes) dans la société, le rapport à la tradition et à la modernité, les rituels comme outils de réalisation spirituelle ou comme producteurs d'effets bénéfiques au plan matériel et social, une éthique davantage axée sur la compassion ou plus utilitariste…: à tous ces plans, l'étude en vis-à-vis de deux types de traditions permet de mettre en relief des «réceptions» et réinterprétations diverses du bouddhisme par l'Occident. De part et d'autre cependant, il est possible de reconnaître une idéologie en formation: une utopie de l'intériorité et du moment présent se donnant à vivre surtout dans le champ individuel, «un salut moins axé sur une perspective téléologique que sur une praxis de l'immanence» (288). L'A. y verrait même, en particulier du coté des écoles tibétaines, la quête d'une sorte de «catholicisme sans autorité», centré sur la compassion et gommant la distinction entre l'humain et le divin. Le livre fourmille de notations et de réflexions intéressantes, même si certaines sections paraissent accorder plus de place à des considérations théoriques qu'aux données de l'enquête (analyse d'interviews et de publications, par exemple). - J. Scheuer sj

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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